Reysa Bernson est une femme fascinante. Née en 1904, elle fait de brillantes études, s’engage dans les organisations étudiantes (elle sera vice-présidente de la toute jeune UNEF), et surtout se passionne d’astronomie. A 16 ans, elle est admise à la Société Française d’Astronomie, et va, à partir de là, développer une activité intense de vulgarisation et de sensibilisation des jeunes. Elle se déplace bénévolement dans des classes, des sanatoriums, des foyers de jeunes aveugles, … et rencontre le scoutisme. Elle y développe un brevet d’astronomie, forme les chefs et les cheftaines, conçoit une lunette d’observation fabricable en camp scout, monte un groupe d’éclaireurs dédié! En 1937, reconnue pour son engagement pour la diffusion de l’astronomie auprès du grand public, elle est nommée responsable du premier planetarium de France, qui accueille 800 000 personnes à l’occasion de l’Exposition Universelle à Paris. Elle est déportée et assassinée comme juive pendant la guerre.
Au fil de la découverte de son parcours, on se prend à se demander : mais où trouvait-elle cette énergie ? d’où lui venait cette passion pour la jeunesse, et cette justesse dans la manière de parler aux jeunes ? Malgré cette grande contribution, femme dans un milieu très masculin, elle fut oubliée pendant plus de 50 ans. Son action fut exhumée récemment par Jean-Michel Faidit, et les travaux menés par l’Université de Lille dans le cadre du projet Université avec un grand elles.
Vous pouvez découvrir tout son parcours sur sa fiche Wikipedia remaniée et enrichie.
En complément de ce travail grand public, je me suis lancée à la recherche de l’article paru dans L’Éclaireur (la revue des Éclaireurs de France de l’époque) où elle donne les informations pour construire une lunette d’astronomie en camp scout : et si on pouvait le réutiliser aujourd’hui sur nos camps?
En fouillant dans les archives, j’ai effectivement découvert cet article (à télécharger ici). Mais surprise, je trouve aussi plusieurs articles sur l’astronomie dans les autres numéros de la revue. Ils sont signés Astéroïde 1021… me voilà totalement fascinée, car après recherche, l’astéroïde 1021 porte le nom Flammario. Or, Reysa Bernson était une grand admiratrice de l’astronome Camille Flammarion, qui l’avait parrainée pour entrer à la Société Française d’Astronomie. Me voilà quasiment certaine que c’est elle l’autrice de ces articles! Plus je fouille, plus je trouve : il se trouve qu’Astéroide 1021 a écrit de nombreux articles, très détaillés, pour l’Éclaireur entre 1933 et 1940, qui sont parmi les pièces centrales de la revue sur la période. Puis, plus de traces, ce qui correspondrait au fait que Reysa Bernson déménage et semble se cacher durant la guerre, sachant qu’elle est d’origine juive. Ma journée dans les archives du siège des EEDF est intense : je cherche frénétiquement de quoi établir un lien certain entre Astéroïde 1021 et Reysa Bernson. Et puis bingo! Dans un numéro du Chef (la revue des chefs EDF), je trouve un article signé Astéroide 1021 mais … annoncé comme écrit par R. Bernson dans le sommaire!
Reysa Bernson fut donc, en complément de toutes ses autres réalisations, une des plumes principales de la revue des Éclaireurs de France dans les années 1930! Pour les curieux-ses, ses articles sont téléchargeables ici, et ici ses publications sur l’astronomie et la jeunesse dans la revue l’Astronomie.
Maud