Geneviève Robida
enseignante et première femme inspectrice de l’Éducation nationale

Geneviève Robida
Au restaurant à Charleville le 7 mars 1965 (photo libre de droit donnée par la SHNA)

Inspecteur ? Non, appelez-moi Inspectrice ! » En 1966, Geneviève Robida (1918-2019) est la première femme en France à être nommée « Inspecteur d’académie ». Eh oui, le titre n’est pas encore féminisé … et sa nomination suscite bien des réactions ! À cette époque, l’idée qu’une femme puisse occuper un poste aussi élevé dans l’administration ne va pas de soi.

Elle a contribué au succès de la revue naturaliste La Hulotte, en commandant 1 000 exemplaires pour les écoles du département en 1972, année de son lancement.

Engagée au sein de l’Église réformée et chez les éclaireuses

L’enseignante d’anglais était très engagée dans son Église. Le sociologue Jean-Paul Willaime témoignait dans un article publié dans l’hebdomadaire protestant Réforme, peu de temps après la sa mort en juillet 2019, qu’elle était la conteuse attitrée de la paroisse pour la veillée de Noël. Elle y était monitrice pour l’école du dimanche et avait aussi créée une section des Petites ailes dans la paroisse.

Elle fait partie des douze femmes présentées dans le calendrier des EEUdF en 2021.

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Esther Duflo,
prix Nobel d’économie

Esther Duflo
Esther Duflo © L. Barry Hetherington

À 46 ans, Esther Duflo devient la plus jeune économiste récompensée par le Prix Nobel d’économie, et la seconde femme à le recevoir. En 2019, l’Académie royale des sciences de Suède lui a décerné ainsi qu’à Abhijit Banerjee et Michael Kremer le prix Nobel d’économie pour leurs travaux sur la réduction de la pauvreté dans le monde

Esther Duflo a popularisé une méthode scientifique pour vérifier l’efficacité de mesures contre la pauvreté. Des chefs d’États, des organisations non-gouvernementales, des activistes, la sollicitent pour avoir ses conseils pour lutter contre la pauvreté. Elle est à la tête d’un réseau de chercheuses et chercheurs partout dans le monde qui travaille avec la même méthode, J-Pal. Le travail en équipe est primordial à ses yeux, hérité de son engagement dans le scoutisme.

En effet, elle a été éclaireuse et responsable dans le groupe local de Bois-Colombes, en région parisienne, au sein du mouvement des Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes de France.

« œuvrer pour un monde meilleur »

Elle témoignait à l’occasion du centenaire des éclaireurs unionistes en 2011 : « Je dois au mouvement, en grande partie, une confiance inébranlable dans l’idée que le monde peut être plus juste, plus fraternel et plus vivable pour tous, même les plus pauvres, et aussi la conviction qu’il nous appartient, à moi comme à chacun d’entre nous, de faire mon possible, à ma mesure, pour que ce monde meilleur advienne. »

Elle fait partie des douze femmes présentées dans le calendrier des EEUdF en 2021.

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Violette Mouchon
fondatrice du scoutisme unioniste féminin et cofondatrice de la Cimade

Violette Mouchon
Violette Mouchon (Crédit photo : archives de la Fédération Française des Éclaireuses – Société d’Histoire du Protestantisme Français)

Violette Mouchon, née 1893 à Paris et décédée en 1985 à la Fondation John Bost à La Force (Dordogne) est considérée comme la fondatrice des Éclaireuses Unionistes et co-fondatrice de la Cimade.

Violette Mouchon organise avec Antoinette Butte les débuts du scoutisme unioniste féminin. Elle est à l’origine de la FFE, créée officiellement en 1921. Cactus Ondulé, son nom de totem, fait partie de l’équipe de la Main, première équipe qui organise la FFE, avec Marguerite Walther, Madeleine Beley, Georgette Siegrist et Renée Sainte-Claire.

Commissaire nationale de la FFE au début de la guerre, elle participe à ce titre à la création du Comité Inter-Mouvements auprès des évacués (CIMADE). L’organisme intervient aux réfugiés dans les camps. Elle en est la présidente de 1941 à 1944, juste après Jane Pannier.

Extrait des Cahiers de Violette Mouchon

« Je fus désignée pour le camp de Noé, situé dans la région de Toulouse. J’y arrivai au printemps de 1947. […] Je n’étais pas attendue ni surtout désirée par l’administration du camp. […] Mon travail consistait pour une part à correspondre avec les familles […] Mais ma tâche principale était de recevoir les prisonniers, d’entendre leurs confidences, leurs confessions. Combien j’en ai reçus et que de désespoirs se sont exprimés devant moi ! »

En parallèle de son engagement à la Cimade, elle est toujours commissaire nationale adjointe au sein de la FFE, chargée des rapports avec les Éclaireurs Israélites. En 1948-49, elle quitte la FFE. Elle garde de forts liens avec Antoinette Butte et Denise Gamzon, femme du fondateur des Eclaireurs Israélites, qu’elle va voir en Israël.

Visite à Pomeyrol où Antoinette Butte s’est engagée dans la vie religieuse.

À la mort de son amie Denise Sterberg, en 1980, elle part vivre à la Force,  dans une maison de la Fondation John Bost. Elle meurt le 2 juillet 1985.

Elle fait partie des douze femmes présentées dans le calendrier des EEUdF en 2021.

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Georgette Siegrist
militante et organisatrice à l’origine de la FFE et de la Cimade

Georgette Siegrist
Georgette Siegrist, de son nom de totem Hibou-Japonais, dans le bulletin n°23 du DT (Archives FFE)

Après avoir écrit la fiche wikipedia de Georgette Siegrist, (1897-1981) voilà ce que je retiens de cette femme qui devait être incroyable.

Elle a créé un groupe d’éclaireuse dans le quartier populaire de la Villette (Paris).

Tellement organisée, opérationnelle et douée d’une très grande qualité d’organisation, elle fait partie de l’équipe de la main, à l’origine de la FFE. C’est la moins bourgeoise des cinq. Elle structure, elle organise tout. Mais sa santé fragile l’oblige à passer la main à Marguerite Walther, qu’elle seconde.

Ses qualités d’organisatrice sont vite repérées et elle se retrouve aussi dans la création de la Cimade, comme première secrétaire générale. L’histoire n’a retenu que le nom de Madeleine Barot, la grande figure du mouvement, mais la toute première secrétaire générale fut Georgette Siegrist.

Elle a aussi lancé les Eclaireuses malades et disséminées (EMD), la section pour les jeunes filles en situation de handicap ou malades. Sa volonté de ne pas laisser certaines sur le côté est tout à fait remarquable.

Sur les vingt dernières années de sa vie, on sait peu de choses. Elle vit tranquillement dans la Drôme avec son amie Lisette Nègre, commissaire régionale de la FFE dans le sud et qui œuvrait auprès de Jane Pannier, première présidente de la Cimade.

Témoignage écrit de Georgette Siegrist sur le troisième âge

Dans le bulletin n°23 du Debrouillum Tibi (DT), édité par la FFE, on peut lire une lettre écrite par Georgette Siegrist  le 23 novembre 1963 (à l’époque, elle a 66 ans) :

« Plus le temps se déroule, plus il me semble que le troisième âge c’est une période capitale dans le cycle d’une existence. Bien sûr que (plus ou moins) notre être se désagrège et pas seulement notre être extérieur ; notre être psychique aussi : nous aimons avec une passion transformée ; différemment… Les perspectives changent… C’est à cela qu’il faut veiller ; l’expérience d’une vie nous apprend à mieux discerner ce qui a plus ou moins d’importance en définitive ; et parce que les chances de durée diminuent, il faut de moins en moins gaspiller son temps. Tout ce qu’on a pu acquérir au cours d’une vie se décante et c’est maintenant plus que jamais l’heure de constituer son héritage valable. Se débarrasser de tout le fatras ; situer son trésor. Essayer de savoir ce qu’on veut garder en tout cas, ou ce qu’on veut acquérir ou augmenter sans s’embarrasser du reste, sans se dissoudre dans le secondaire (maintenant plus que jamais négligeable).

C’est l’heure de se dépêcher d’aimer vraiment, gratuitement, en veillant à ne pas perdre une occasion, en dépassant les apparences. C’est l’heure privilégiée de l’adoration, de la louange, de l’intercession, de la communion si difficile.

Le troisième âge n’est pas une période de tout repos ; il y a encore tant à faire, et le temps est certainement de plus en plus mesuré. Mais c’est le temps de la paix et enfin le temps de la joie en dépit de la destruction de notre nature qui se défend avant de retourner à la poussière.

C’est le dernier tiers du chemin qu’il reste à parcourir ; le but est proche. Et quant à ceux qui nous devancent, nous précèdent, leur départ nous laisse seul pour moins de temps ; ce sera bientôt le terme, l’arrivée dans un nouveau service, sans entraves, où nous connaîtrons et serons connus en vérité. Quel horizon ! … Comment être moroses ? »

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Noëlla Rouget
résistante, déportée et opposante à la peine de mort

Noëlla Rouget
Noëlla Rouget
Noëlla Peaudeau, en uniforme de guide, 1934

Elle était libre, Noëlla. Libre de choisir ses combats, libre de les assumer jusqu’au bout.

Née à Saumur le 25 décembre 1919, elle est élevée dans la foi catholique. Elle s’engage en 1941 dans la Résistance car elle ne supporte pas la présence allemande à Angers.

Arrêtée avec son fiancé, lui est fusillé, elle est envoyée dans un camp de concentration.

Arrivée à Ravensbrück fin janvier 1944 dans le convoi des 27000, Noëlla y rencontre Geneviève de Gaulle, Germaine et Emilie Tillion, Anise Postel-Vinay… Fervente catholique, prier l’aide à tenir.

À sa libération en avril 1945, elle ne pèse plus que 32 kilos et va se reposer en Suisse. Elle fait la connaissance d’André Rouget. En 1947, ils se marient en 1947 et s’installent à Genève. Ils ont deux fils.

La grâce de son bourreau

Vingt ans après, celui qui l’avait arrêtée et envoyée en camp est retrouvé. Elle le défend pour lui éviter la peine de mort et l’obtient. Elle était vraiment opposée à la sentence maximale. Noëlla entame alors une correspondance avec lui, Vasseur. “Elle ne dit pas qu’elle lui a pardonné, raconte Brigitte Exchaquet-Monnier, co-auteure de sa biographie dans un article de Réforme. Elle disait que c’est difficile. Mais elle avait cette conviction qu’un homme a quelque chose de bon en lui. Elle a cru jusqu’au bout qu’elle pourrait le faire changer et qu’il prenne conscience de ses crimes. Mais elle n’a pas réussi.”

La vie de Brigitte croise celle de Noëlla Rouget grâce à mademoiselle Irène. Son ancienne nounou de 94 ans confie à Brigitte en janvier 2009 qu’elle s’est occupée des déportées revenues des camps. En remontant la piste, Brigitte et son mari Eric font la connaissance de Noëlla qui partage avec eux l’histoire de ce chalet. Une belle amitié naît. Le couple Monnier espère publier la biographie de Noëlla Rouget avant sa disparition. “Qui connaît ces femmes dont on ne parle jamais ?” interroge Brigitte Exchaquet-Monnier.

En parallèle de leurs recherches, les Monnier interpellent un journaliste du Monde qui publie en 2019 un article sur la grande dame.

La publication déclenche un tourbillon médiatique, Noëlla est sollicitée par beaucoup de médias, peu avant de souffler ses 100 ans. Au printemps 2020, elle survit à la covid-19, confinée dans sa maison de retraite à Genève. Sa biographie sort enfin chez Tallandier, après quelques déboires éditoriaux. Brigitte et Eric vont lui montrer à la maison de retraite. “C’était un moment plein d’émotion, raconte-t-elle. Elle nous a dit : je vais le lire, je vais apprendre des choses.” Elle avait beaucoup d’humour.

Son histoire restera

“Quand Noëlla Rouget disparaitra, le livre restera.” ai-je écrit en juillet à propos de sa biographie. Le 22 novembre 2020, Noëlla s’est éteinte, à Genève, dans sa 101ème année. J’ai reçu un mail de ses biographes qui m’ont gentiment prévenue. Je ne l’ai jamais rencontrée mais après avoir lu son histoire et interviewé ses amis, j’avais l’impression de la connaître, un peu. J’étais triste et en même temps soulagée pour elle. Elle a retrouvé beaucoup de monde là où elle est.

Peu de femmes ont la chance de pouvoir lire leur propre biographie. Dans l’ouvrage qui retrace sa vie, on comprend ses motivations à lutter contre la peine de mort, à entamer une correspondance avec son bourreau, on sait aussi pourquoi elle a si peu raconté à son retour de déportation et pourquoi elle s’est mise enfin à témoigner.

Laure Salamon

À lire : Noëlla Rouget, la déportée qui a fait gracier son bourreau, Brigitte Exchaquet-Monnier et Éric Monnier, Tallandier, 256p., 19,90 euros.

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Et pour écouter l’émission Affaires sensibles diffusée le 23 octobre 2020 sur France Inter, c’est par là.

Léonore Moncond’huy,
militante de l’éducation populaire et maire de Poitiers

Léonore Moncond'huy
Léonore Moncond’huy en juillet 2020 © CC by SA-4.0 via Wikimedia Commons

Pourquoi s’intéresser à Léonore Moncond’huy ? Parce que la maire de Poitiers, tout juste âgée de 30 ans, est la nouvelle coqueluche des médias : en juillet en Une de L’Obs, en septembre en portrait dans Le Monde et Libération, régulièrement interviewée par France Inter.… Et surtout parce que son parcours est un bel exemple de transformation d’un engagement militant dans l’éducation populaire en carrière politique.

Elue écologiste

Sous l’étiquette écologiste d’EELV, elle est élue au Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine, en 2015. Avec une petite équipe qui a envie de faire de la politique autrement, elle travaille sur un programme pour l’élection municipale de 2020 à Poitiers où elle a grandi. Poitiers Collectif utilise les outils de l’éducation populaire pour faire exprimer les envies et les besoins des habitants dans une démarche participative et transparente. Quelques mois seulement avant l’échéance électorale, Léonore Moncond’huy est désignée tête de liste. Après le 1er tour de l’élection municipale en mars, la liste sort 2e puis en juin elle remporte l’Hôtel de ville avec 1000 voix de plus que le maire socialiste sortant, Alain Claeys. Dans plusieurs interviews, Léonore réaffirme son envie de faire de la politique autrement comme dans Basta Mag en novembre 2020.

Une de l’Obs en juillet 2020

Outils de l’éducation populaire

Les outils utilisés par Poitiers Collectif, Léonore les a appris et pratiqués chez les Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes de France où elle a rempli différentes missions comme animatrice, formatrice, cadre puis administratrice. Quand elle a été élue maire de Poitiers en juin 2020, elle était encore membre du conseil d’administration.

Peu étonnant qu’une de ses premières mesures de maire a été son souhait d’organiser des séjours pour que tous les enfants de la ville puissent partir en vacances.

Laure Salamon

Elle fait partie des douze femmes présentées dans le calendrier des EEUdF en 2021.

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Léonore Moncond’huy a été interviewée dans l’émission Ca s’dit scout spécial Centenaire de la Fédération française des Eclaireuses, à retrouver sur le site de Fréquence Protestante ou sur le site des EEUdF.

Alice Taglioni,
actrice « caméléon » et engagée

Alice Taglioni

Georges Biard, CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons

D’Alice Taglioni, on connaît ses films. On l’a aussi vue dans des publicités pour un célèbre coiffeur ou une marque de sacs de luxe. Son engagement dans plusieurs associations dont le Centre d’Action Sociale Protestant (CASP) et d’Enfants et Santé se sait moins. Et peu sont au courant qu’elle a passé quelques années comme louvette chez les Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes de France, en région parisienne.

De la comédie au drame social

Pianiste de formation, elle a finalement basculé dans le cinéma et le théâtre. Elle n’hésite pas à jouer dans des genres de films très différents, de la comédie au drame social. On l’a vu dans La Doublure aux côtés de Gad Elmaleh et Daniel Auteuil, dans Paris-Manhattan ou Cookie, Réparer les vivants, Sous les jupes des filles… Elle apparaît aussi dans des téléfilms comme le très touchant L’annonce, de Julie Lopes Curval, adapté du livre de Marie-Hélène Lafon ou plus récemment dans Au-dessus des nuages.

Passionnée de poker, elle reverse parfois ses gains aux associations qu’elle accompagne, comme en mai 2008. Quand son agenda le permet, elle participe à un événement ou une inauguration. Par exemple, en 2016, elle avait assisté à celle d’un nouveau centre du CASP dédié aux femmes.

Elle fait partie des douze femmes présentées dans le calendrier des EEUdF en 2021. En préparant ce calendrier, elle a confié avoir gardé de ses années de louvette de très beaux souvenirs.

Laure Salamon

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Marthe Levasseur
militante de l’éducation populaire

Marthe Levasseur a consacré sa vie à la Maison pour Tous de la rue Mouffetard, un lieu d’éducation populaire plein d’expériences, qui préfigure autant les Maisons des Jeunes et de la Culture que les centres sociaux.

C’est dans ce cadre qu’elle découvre le scoutisme, et elle va ainsi lancer la pédagogie louveteaux des Éclaireurs de France, et y devenir commissaire nationale adjointe des louveteaux. Cela lui vaudra son totem : Mère Louve.

En même temps, à la « Mouff’ », la Maison pour Tous de la rue Mouffetard, elle va s’intéresser à la proposition de louvetisme pour les filles, les Petites Ailes, dont elle s’occupera pendant des années.

Nous avons créé sa page wikipédia, où sa vie est racontée plus en détail.

Florence

Denise Vernay
résistante et témoin de la déportation

Par Anonyme, no author disclosure — http://florentinejeansueur.webnode.fr/news/denise-vernay/, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=48199658
Denise Jacob en 1944

Denise Vernay, née Jacob, est entrée très jeune dans la Résistance française dans la région de Nice d’abord, puis à Lyon et en Haute-Savoie. Après avoir été arrêtée par la Gestapo pendant une mission qu’elle effectuait en tant qu’agente de liaison, elle est déportée au camp de Ravensbrück.

Durant les presque huit mois qu’ont duré sa déportation, Denise continuera de mener des actions de résistance, notamment en prenant régulièrement la place de camarades polonaises trop affaiblies par les « expérimentations médicales ».

L’ensemble de son parcours est marqué par son engagement dans le scoutisme.

C’est lors d’un camp de cheftaines éclaireuses qu’elle décide d’entrer en contact avec la Résistance, elle est ensuite hébergée et cachée à plusieurs reprises par des amies éclaireuses. Au camp de Ravensbrück elles sont plusieurs éclaireuses mais aussi scoutes de toutes obédiences à se retrouver. Certaines, dont Denise, resteront soudées après leurs libérations et mèneront différentes actions de témoignages et de sauvegarde pour la mémoire des déporté.e.s.

Photo de Marie Rameau 
« Denise Vernay », dans Marie Rameau, Des femmes en résistance: 1939-1945, Paris, Éditions Autrement, 2008 (ISBN 978-2-7467-1112-9), p. 57
Denise Vernay en 2005. Photo de Marie Rameau1

En travaillant sur son histoire de résistante, de déportée et de témoin, j’ai découvert des petits bouts de l’histoire de ces femmes résistantes. J’ai particulièrement été touchée par la lecture des actions de résistance qu’elles menaient dans les camps, alors que tout n’avait plus aucun sens pour elles.

Sa page wikipédia a été mise à jour, je vous laisse y découvrir le portrait de cette femme passionnante, qui est aussi une des grandes soeurs de Simone Veil.

Photo de Valéry Hache. AFP
Simone Veil et Denise Vernay en 2014 lors d’une commémoration à Nice.
Photo de Valéry Hache, AFP.

Margaux (Mpantr)

1 : « Denise Vernay », dans Marie Rameau, Des femmes en résistance: 1939-1945, Paris, Éditions Autrement, 2008 (ISBN 978-2-7467-1112-9), p. 57

Germaine Le Guillant
formatrice des infirmiers psychiatriques aux CEMEA

De l’éducation nouvelle à la psychiatrie nouvelle : c’est le parcours singulier de Germaine Le Hénaff, devenue plus tard Germaine Le Guillant. Institutrice issue d’une famille de pêcheurs, elle dirige pendant la guerre une maison d’enfants, où dans le secret, elle accueille des jeunes juifs. Elle sera reconnue Juste parmi les Nations. En 1948, militante aux CEMEA, elle rencontre le Dr Daumézon et invente avec lui … la formation des infirmiers psychiatriques ! Changer le regard sur la maladie mentale, parler d’équipe de soin, utiliser des méthodes actives dans la relation soignant/soigné : ces stages novateurs auront un impact durable sur la psychiatrie en France.

Elle a désormais une fiche Wikipedia!

Découvrir et remettre de l’ordre dans son parcours m’a permis de comprendre (un peu!) ce qui se joue après la seconde guerre mondiale, dans deux domaines passionnants.

Celui de « l’enfance inadaptée » d’abord, où l’on invente progressivement la profession d’éducateur spécialisée et les lieux d’hébergement des enfants qui ont soit des problèmes sociaux et familiaux, soit des handicaps mentaux ou des troubles du comportements. On y trouve un très grand nombre d’ancien-nes scout-es et éclaireur-ses! De nombreuses tentatives ont eu lieu, pour essayer d’appliquer la pédagogie du scoutisme avec ces enfants, avec plus ou moins de succès. Et puis c’est aussi le domaine du grand Fernand Deligny, lui aussi ancien éclaireur, mais tenant d’une approche presque libertaine de la question. Quel rapport avec Germaine Le Guillant ? Et bien, elle crée au sein des CEMEA un premier embryon de formation d’éducateur! Vous pouvez lire cet article de Maurice Capul, si vous avez envie d’en savoir plus.

Le deuxième domaine, c’est celui de la psychiatrie d’après-guerre, et de la formation des infirmiers psychiatriques. Dans un contexte où plusieurs milliers de patients sont morts de faim dans les asiles pendant la guerre, un fort mouvement de réforme, presque de révolution souffle sur la psychiatrie. On veut sortir de l’asile, faire tomber les murs, refonder la relation avec les patients, former les infirmiers pour qu’ils soient compétents et sortent de la dépendance hiérarchique des médecins… dans ce contexte bouillonnant, Germaine Le Hénaff crée tout simplement, avec un éclaireur unioniste devenu psychiatre (Dr Daumezon), la première formation réelle pour les infirmiers psychiatriques en France, toujours au sein des CEMEA. Elle y croise là aussi d’autres anciens éclaireurs épris d’émancipation comme Jean Oury, figure de la psychothérapie institutionnelle.

Grace aux copains et copines des CEMEA qui l’ont déniché, vous pouvez consulter le récit de ce tout premier stage de formation des infirmiers psychiatriques, par Germaine elle-même.

Maud

crédit photo: en haut,source : Arch. fam., crédit photo : D.R (CNAHES.org) et en bas: avec son mari Louis Le Guillant, photo Vie Sociale et Traitement n°53-54