Nicole Clarence
Résistante et photographe

Nicole Clarence en 1939 (Elles, la résistance – ML Coudert)

Venez découvrir Nicole Clarence, résistante durant la seconde guerre mondiale puis photographe ! Elle a maintenant sa page wikipédia qui a été mis en ligne il y a quelques semaines par nos bons soins !

Nicole Clarence découvre par l’intermédiaire de son frère les éclaireurs où elle devient cheftaine de louveteaux. C’est par ce biais là qu’elle fait ses premieres actions de résistances, principalement quelques surveillances de batiments côtiers au début.

Par la suite, elle rejoindra le mouvement Francs tireurs, ainsi que le réseau Buckmaster avant de finalement intégrer le M.U.R (Mouvements Unis de résistance).

C’est à Paris qu’elle est arrêtée et déportée pour fait de résistances. Elle s’évade en 1945 avec d’autres déportées au cours d’une marche de la mort.

Plus tard elle sera journaliste pour plusieurs journaux, comme Madame le figaro, Elle et travaillera aussi à l’agence Magnum.

Dja

Reysa Bernson
Astronome passionnée de transmission aux jeunes

Reysa Bernson est une femme fascinante. Née en 1904, elle fait de brillantes études, s’engage dans les organisations étudiantes (elle sera vice-présidente de la toute jeune UNEF), et surtout se passionne d’astronomie. A 16 ans, elle est admise à la Société Française d’Astronomie, et va, à partir de là, développer une activité intense de vulgarisation et de sensibilisation des jeunes. Elle se déplace bénévolement dans des classes, des sanatoriums, des foyers de jeunes aveugles, … et rencontre le scoutisme. Elle y développe un brevet d’astronomie, forme les chefs et les cheftaines, conçoit une lunette d’observation fabricable en camp scout, monte un groupe d’éclaireurs dédié! En 1937, reconnue pour son engagement pour la diffusion de l’astronomie auprès du grand public, elle est nommée responsable du premier planetarium de France, qui accueille 800 000 personnes à l’occasion de l’Exposition Universelle à Paris. Elle est déportée et assassinée comme juive pendant la guerre.

Au fil de la découverte de son parcours, on se prend à se demander : mais où trouvait-elle cette énergie ? d’où lui venait cette passion pour la jeunesse, et cette justesse dans la manière de parler aux jeunes ? Malgré cette grande contribution, femme dans un milieu très masculin, elle fut oubliée pendant plus de 50 ans. Son action fut exhumée récemment par Jean-Michel Faidit, et les travaux menés par l’Université de Lille dans le cadre du projet Université avec un grand elles.

Vous pouvez découvrir tout son parcours sur sa fiche Wikipedia remaniée et enrichie.

En complément de ce travail grand public, je me suis lancée à la recherche de l’article paru dans L’Éclaireur (la revue des Éclaireurs de France de l’époque) où elle donne les informations pour construire une lunette d’astronomie en camp scout : et si on pouvait le réutiliser aujourd’hui sur nos camps?

En fouillant dans les archives, j’ai effectivement découvert cet article (à télécharger ici). Mais surprise, je trouve aussi plusieurs articles sur l’astronomie dans les autres numéros de la revue. Ils sont signés Astéroïde 1021… me voilà totalement fascinée, car après recherche, l’astéroïde 1021 porte le nom Flammario. Or, Reysa Bernson était une grand admiratrice de l’astronome Camille Flammarion, qui l’avait parrainée pour entrer à la Société Française d’Astronomie. Me voilà quasiment certaine que c’est elle l’autrice de ces articles! Plus je fouille, plus je trouve : il se trouve qu’Astéroide 1021 a écrit de nombreux articles, très détaillés, pour l’Éclaireur entre 1933 et 1940, qui sont parmi les pièces centrales de la revue sur la période. Puis, plus de traces, ce qui correspondrait au fait que Reysa Bernson déménage et semble se cacher durant la guerre, sachant qu’elle est d’origine juive. Ma journée dans les archives du siège des EEDF est intense : je cherche frénétiquement de quoi établir un lien certain entre Astéroïde 1021 et Reysa Bernson. Et puis bingo! Dans un numéro du Chef (la revue des chefs EDF), je trouve un article signé Astéroide 1021 mais … annoncé comme écrit par R. Bernson dans le sommaire!

Reysa Bernson fut donc, en complément de toutes ses autres réalisations, une des plumes principales de la revue des Éclaireurs de France dans les années 1930! Pour les curieux-ses, ses articles sont téléchargeables ici, et ici ses publications sur l’astronomie et la jeunesse dans la revue l’Astronomie.

Maud

Simone Iff
Féministe française et présidente du Mouvement français pour le planning familial

Ça y est, on a revu et amélioré la page wikipédia de Simone Iff, ancienne présidente du Planning Famillial, et militante féministe toute sa vie.

Grâce à des recherches de Maud, on a pû retrouver sa trace dans les archives de la FFE, dans « l’annuaire de la région Sud – 1939-1940 » et on y voit ceci :

Simone Iff (ici sous son nom de naissance Simone Balfet) était bien aspirante cheftaine des Petites Ailes Unionistes (la tranche d’âge des 7-12 ans), à Sète.

Florence

Suzanne Carr
Militante des UCJF

Une nouvelle Fiche en ligne : celle de Suzanne Carr.

Une militante protestante française qui a contribué à l’emergence du scoutisme féminin en France !

Engagée dans de nombreuses associations unionistes au début de 20ème siècle, Suzanne Carr est très engagée sur les questions d’hygiène sociale. Elle tient notamment une revue d’éducation familiale et anime des “causeries”  à la radio. Elle milite aussi pour le suffrage des femmes. C’est elle qui, dès 1912, tente d’introduire le scoutisme féminin au sein des UCJF.

N’hésitez pas à aller découvrir sa fiche wikipédia !

Valentine Schlegel
Artiste, sculptrice et céramiste

Valentine Schlegel (photo Suzanne Fournier-Schlegel)

Avec quelques semaines/ mois de retard je vous informe que la fiche wikipédia de Valentine Schlegel est en ligne ! (La question des droits d’images n’étant pas finalisé je vous laisse taper son nom sur internet et vous trouverez plusieurs photos d’elle !)

Mais qui est Valentine Schlegel ?

Pour moi : un vrai coup de cœur !

Tout d’abord parce que c’est la première femme artiste sur laquelle je travaille et ensuite parce qu’elle a eu une vie passionnante !

Valentine Schlegel naît en 1925 à Sète, elle y découvre les éclaireuses en 1937 dans une section nommée Wakandas. Elle deviendra cheftaine dans sa section en 1942.

Plus tard elle sera, costumière au festival d’avignon, conseillère artistique du premier long métrage d’Agnès Varda (elle aussi ancienne éclaireuse) mais aussi artiste, sculptrice, enseignante en arts, céramiste et pleins d’autres choses encore.

Elle est notamment connue dans le milieu artistique pour sa série de vases crée pendant la décennie des années 1950 et pour la création de cheminées en plâtre qu’elle sculpte sur commande chez des particuliers.

Je vous laisse découvrir sa fiche wikipédia ici.

Un grand merci par aileurs à Hélène Bertin, artiste elle aussi qui a fait sortir de l’ombre Valentine Schlegel en lui consacrant plusieurs expositions et sans qui je n’aurais jamais découvert cette femme !

Diane (Dja)

Hélène Viannay
Résistante et cofondatrice de l’école de voile des Glénans

Ca y est, la fiche Wikipedia de Hélène Viannay est enrichie, restructurée, augmentée de plus de 10 000 mots! Il manque encore sa photo, qui est en attente de validation par Wikipedia, mais que je peux déjà mettre ici (en remerciant la photothèque des Glénans).

Hélène Viannay (née Mordkovitch) est la cofondatrice du journal clandestin Défense de la France, qui fut le plus gros tirage de la 2nde guerre mondiale, mais aussi un réseau de résistance du même nom qui a été le principal producteur de faux-papiers en France. Après la guerre, avec son mari, ils ont voulu organiser un camp de vacances pour des ancien·nes résistant·es et déporté·es, sur les îles de l’archipel de Glénan en Bretagne Sud. Et les voilà obligé·esd’apprendre à naviguer … de fil en aiguille, ils ont ainsi crée l’association Les Glénans, qui est désormais la première école de voile en Europe. Hélène en a été déléguée générale pendant plus de 20 ans.

Depuis que j’ai découvert les Glénans, je me disais … il y a forcément un lien avec le scoutisme, ce n’est pas possible autrement! Le rôle du bénévolat et de l’engagement volontaire, la participation de tout le monde à la vie quotidienne, la prise de responsabilités, et puis le campement sur les îles! Et … bingo, Hélène Viannay a bien été “éclaireuse laïque” sur Paris, et son mari Philippe a lui été scout.

Elle a passé peu de temps à la FFE, une année ou deux vers ses 13 ans. C’est un choix qu’elle a fait seule, elle connaissait l’état des finances de sa mère et a décidé de s’inscrire au camp sans lui en parler après avoir entendu des amies en parler. Voilà ce qu’elle disait de ces souvenirs :

“Pendant que j’étais en quatrième je me suis inscrite aux Eclaireuses ce qui m’a permis d’avoir de nouvelles amies, de faire de grandes sorties très fatigantes le Dimanche, d’apprendre à camper, à faire la cuisine pour quinze sur un feu de bois (et que de larmes j’ai versées devant les petits pois qui ne voulaient pas cuire). Notre cheftaine, artiste et très jeune, nous faisait énormément marcher sac au dos, dans des endroits merveilleux. En Bretagne nous avons ainsi pris le bateau de service pour Ouessant, dormi sur des tables dans un pensionnat vide, et admiré la nuit le ballet des phares.”  (source).

Dans le livre que Clarisse Feletin lui a consacré, elle ne fait pas de lien particulier entre le fait d’avoir été éclaireuse et ses engagements par la suite. Elle explique y cependant que l’apprentissage de la vie de camp lui a servi au moment de l’exode (en juin 1940, elle quitte Paris pour rejoindre Rodez en bicyclette, en campant seule) et lors des premiers camps sur l’archipel de Glénan (notamment sur l’importance de creuser des feuillés!). Et surtout, c’est en partie dans son réseau d’amies éclaireuses qu’elle recrute les premiers membres du journal clandestin, notamment Marianne Cornevin.

“J’avais été éclaireuse laïque, c’était sympathique mais dans l’immédiat ça ne m’a servi à rien parce j’avais quitté ce mouvement à 15 ans, c’était trop loin. Il se trouve que la première personne que j’ai recrutée après, quand j’ai commencé à faire de la résistance, c’était une de mes anciennes éclaireuses.” (source)

Maud

Manon De Tonnac

Manon De Tonnac (2020)

Manon De Tonnac vit à Romans-sur-Isère dans la Drôme, à 70 ans elle est retraitée de l’éducation nationale où elle a exercé en tant que médecin scolaire. Aujourd’hui elle travaille à la Maison de l’autonomie, et continue ses engagements citoyens.

« J’ai passé mon enfance au Maroc, à Marakech. Là bas, j’ai commencé le scoutisme comme petite aile. Nous avions fait un camp en Ardèche dans un hameau abandonné. C’est comme ça que j’ai découvert la France, la vie indépendamment des parents. Le soir on s’endormait en chantant Doucement, doucement, doucement s’en va le jour (…) à pas de velours… « 

A 15 ans sa famille part vivre en France dans la région parisienne. Elle fréquente la paroisse de l’église Réformée de Chatenay Malabry où elle rencontre le pasteur Jean Abel .

« C’est lui qui m’a fait découvrir les idées du scoutisme : l’esprit d’équipe , avoir des responsabilités dans l’équipe, les plus âgés qui collaborent avec les plus jeunes. J’ai été cheftaine louveteaux pendant au moins 3 ans. Je trouvais impressionnant d’avoir ces responsabilités, mais on savait qu’on pouvait compter les uns sur les autres. »

Ce qu’elle aimait dans le scoutisme ? Les veillées au coin du feu, les randonnées, la simplicité des activités , avoir une vie proche de la nature, et vivre ensemble.

Le scoutisme m’a donné un sens des responsabilités, je me disais : « on ne laisse pas les autres décider, on participe, on s’engage ».

Ensuite, je suis devenue médecin, pas pour gagner de l’argent, mais pour être dans le soin. Ce qui est important pour moi, c’est le vivre ensemble.

En arrivant à Romans, elle fait partie de la FCPE, ce qui lui permet de rencontrer beaucoup de monde . Avec 5 autres personnes, elle créée l’association A pince et à vélo, association de militantisme vélo . Elle s’engage dans Europe Ecologie les Verts, puis dans Génération future, et est élue conseillère municipale à la mairie de Romans.

« Plus tard, quand mes enfants ont été en âge de faire du scoutisme, ils ont été louveteaux, puis éclaireurs et responsables dans la troupe de Valence. Cela les a formés eux aussi dans leur vie, et dans leurs engagements. »

Aujourd’hui Manon, qui participe à toutes les vélorutions , est engagée dans un collectif de citoyens ; elle accueille au sein de son foyer un jeune sans papier avec deux autres familles.

La rencontre et la solidarité sont toujours au cœur de la vie de Manon.

Anne Sautter, rencontre téléphonique du 30 octobre 2020.

Martine Baud, femme à l’écoute

Quand j’ai écrit ce portrait, le titre m’est venu en premier. En écoutant Martine parler de tous ses engagements passés et actuels, et de ceux qu’elle partageait avec son mari, j’entendais presque le téléphone « sonner sans arrêt » ! Aujourd’hui, Martine a deux téléphones : un pour les amis et la famille. L’autre pour assurer la permanence d’écoute téléphonique de l’UNAFAM, l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques du département de la Drôme.


Des téléphones, Martine Baud en a souvent deux sur elle. Un pour les amis et la famille – 6 enfants, 15 petits-enfants sans compter ses frères et sœurs, neveux et nièces, toute une tribu vivant en France ou à l’étranger. Et un autre pour assurer la permanence d’écoute téléphonique de l’UNAFAM, l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques du département de la Drôme. « En moyenne, 5 appels par semaine. Des familles désemparées à l’annonce de la maladie, qui ne savent plus que faire face aux comportements, aux hallucinations de leur proche … Il faut être disponible pour écouter et accompagner. Je suis de garde une semaine sur cinq ! »

« Être de garde », la famille sait bien ce que ça signifie. Pierre, le mari de Martine, était médecin généraliste. En 1966, quand ils s’installent à La Bégude-de-Mazenc, dans la Drôme, il devient médecin de campagne, avec toute la disponibilité que cela sous-entend.
« Ici, le téléphone sonnait 24h/24. Le cabinet médical était à la maison et l’activité principale de ma mère, c’était de s’en occuper : répondre au téléphone, s’occuper du courrier et de l’administratif, vérifier que le cabinet était nettoyé, noter les résultats d’examen communiqués par les laboratoires … » se souvient Candice, une de leurs filles.

L’immense maison est ouverte et ne désemplit pas. Car chez les Baud, l’engagement est permanent.
Dans la salle à manger, le paperboard est toujours installé, témoin d’innombrables réunions : formations scoutes, réunions paroissiales, rencontres UNAFAM…
Dès son arrivée à la Bégude, Martine s’implique dans le Mouvement Jeunes Femmes et part animer des formations dans toute la France sur la conduite de réunions, les relations inter-personnelles, l’expression écrite et orale et l’écoute. Dans une des chambres, une ligne téléphonique particulière est réservée aux permanences téléphoniques pour les femmes battues, « combat malheureusement toujours d’actualité », assurées désormais par le numéro national 3919. « J’ai vécu les combats dans la lutte pour le droit à l’IVG, que Jeunes Femmes a mené en lien avec l’association Choisir fondée par Gisèle Halimi. Pierre m’a beaucoup encouragée : par son métier, il avait été témoin en région parisienne des drames des avortements clandestins. »

Le couple est aussi très impliqué dans la paroisse. Pendant plus de 30 ans, Martine s’occupe de l’école biblique ; elle est désormais membre du Conseil Presbytéral dont elle est déléguée au synode.

A l’écouter, on a du mal à croire qu’elle a été l’enfant extrêmement timide qu’elle décrit. « Le
scoutisme m’a vraiment aidée. On t’apprend très jeune à prendre des responsabilités, à te donner confiance en toi. On t’amène à penser que ton avis est important et que tu as le droit de dire ce que tu penses. » Le scoutisme, c’est d’ailleurs une affaire de famille. On ne compte plus les responsables, les cadres nationaux ou les coordonnateurs de région. Dès les débuts du scoutisme, les parents de Martine sont impliqués. Son père, Jacques Peugeot, est chef à Passy, sa mère, Edith Genoyer, à Marseille-Grignan.
Martine, elle, commence petite aile à Neuilly-sur-Seine, puis éclaireuse et cheftaine à Versailles. Elle y fait deux rencontres essentielles : son amie de toujours, Jacqueline Westercamp (née de Bary), et son futur mari alors chef routier. Elle garde en mémoire la Loi des Éclaireuses qui rappelle de servir les autres, des principes d’hygiène (« la fille qui ouvre sa fenêtre pour aérer ! »), l’amour de la nature et une aversion pour le patriotisme et la totémisation. Sans oublier la capacité à faire des nœuds et le couteau toujours dans la poche ! Plus encore, elle développe une bonne capacité à ne pas être trop impressionnée quand il y a des problèmes. « Il y a ce chant qui m’a marquée, L’espérance, dont un couplet finit ainsi : « Même le plus noir nuage a toujours sa frange d’or… ».

Elle passe également par l’école de voile des Glénans. Apprenant que des camps similaires ont lieu en Corse avec la possibilité d’y faire de la plongée sous-marine, elle s’y rend, apprend à plonger avec des bouteilles et devient une des premières femmes à obtenir son diplôme de monitrice en 1959.

Sa mère pousse ses enfants, notamment ses filles, à faire des études et à être indépendante. Pour Martine, ce seront des études d’anglais et un début dans l’enseignement, avec des expériences atypiques, que ce soit auprès des enfants atteints de poliomyélite à l’hôpital de Garches ou au lycée expérimental de Sèvres. Et pendant ses études et quelques cours séchés côté Quartier Latin, la découverte d’une passion : le cinéma. Aujourd’hui, Martine fait partie de l’association Pro-Fil, fondée par Jean Domon en 1992 qui a pour vocation de faire se rencontrer des cinéphiles chrétiens et de débattre des films vus ensemble. « Et nous avons la chance d’aller chaque année à Cannes !
Peu de gens savent qu’on peut voir gratuitement beaucoup de films pendant le festival ! »

La passion se transmet à certains enfants sans qu’on sache toujours bien comment. Leur fille Candice est aujourd’hui chef-décoratrice sur les plateaux. « Pourtant, la première fois que je suis allée au cinéma, j’avais 16 ans et c’était avec le lycée ! » Olivier et David, alors adolescents, passaient des jours et des jours à faire des petits films de cinéma d’animation. Olivier habite aujourd’hui Clermont-Ferrand, « bien pratique pour aller voir le Festival international du court-métrage ! »

C’est l’heure d’aller s’occuper des fleurs pour le temple, il y a culte à La Bégude demain, comme tous les 3e dimanches du mois. Cette semaine, Martine n’était pas de garde, le téléphone a moins sonné. Pour le goûter, Carine, sa fille, apporte les gâteaux qu’elle a confectionnés. C’est pour qu’elle devienne, elle aussi, indépendante que Pierre, toujours secondé par Martine, s’est démené pour implanter à Dieulefit une entreprise adaptée, puis un foyer d’hébergement, à destination des personnes malades psychiques. Carine y travaille depuis 20 ans dans le secteur de la blanchisserie.
La schizophrénie qu’elle a développée à l’adolescence a rendu toute la famille encore plus engagée et solidaire. La priorité pour Martine, quand elle reçoit les appels pour l’UNAFAM, c’est avant tout que la famille tienne : « Si elle lâche, c’est dur d’aider. » Martine sait que la condition, c’est de pouvoir parler. Et que pour cela, il faut être écouté.

UNAFAM
https://www.unafam.org/
0142630303

Jeanne Menegoz
Le service avant tout.

« Le scoutisme, c’est l’apprentissage du service.
On est sur Terre pour rendre service ! »
Rencontrer Jeanne Menegoz, surnommée Janou, c’est faire un voyage dans le temps aux débuts du scoutisme féminin. C’est aussi découvrir l’histoire d’une famille alsacienne en temps de guerre.


Son père, Paul Stauffert, grandit dans une famille protestante. Mais la 1ère guerre mondiale est un traumatisme. Il combat avec les Allemands alors que ses frères réussissent à rejoindre le camp français. De retour à Strasbourg, il quitte l’Église et n’y retourne plus, malgré les venues régulières du pasteur dans la famille. Après ses études, il travaille pour entretenir les machines d’usine. Un jour, chez un ami, il voit une photo et tombe amoureux d’une des filles qui pose, Anne-Salomé Knopf, qu’il épouse et avec qui il aura 5 enfants. Jeanne est la cadette, elle nait en avril 1922 à Strasbourg.

En 1932, elle a 10 ans. Sa tante Charlotte, qui a entendu parler du scoutisme par un collègue de travail, monsieur Ribe, convainc ses parents de l’inscrire aux éclaireuses. Jeanne est bien contente, car elle s’ennuie beaucoup chez elle. Elle rejoint la section « Loup-Brun ».
C’est là qu’elle fait la connaissance d’une cheftaine qui va marquer sa vie : « Sympa ». Cette jeune institutrice, mademoiselle Elisabeth Clenchi, est une éducatrice remarquable aux yeux de Jeanne et de ses camarades. Elle transmet aux éclaireuses l’importance du service.
Tous les samedis après la classe, les éclaireuses se retrouvent au local rue Serrurier, près de la place Güttenberg, en uniforme (chapeau, cravate, jupe, chemise et cape beige). Elles sont encadrées par des cheftaines d’une trentaine d’années, célibataires et sans enfants. Chacune a sa spécialité d’où vient parfois un surnom, comme « cheftaine Triton » !
Les éclaireuses sont réparties en clans de 5 ou 6 éclaireuses menés par une cheffe de clan. Les cheftaines achètent le matériel de base mais chaque clan peut utiliser son argent pour l’améliorer.
Cet argent provient d’initiatives variées : Jeanne fabrique et vend des filets de provisions, par exemple. Tous les lundis, une cheftaine « fait boutique » et vend du matériel scout stocké dans son appartement : des insignes, les uniformes, de la ficelle … et bien sûr des « bonamos », ces énormes faitouts surnommés ainsi en l’honneur des Bonnamaux, deux frères à l’origine des Eclaireurs Unionistes de France.
Jeanne ne se souvient pas précisément de leurs activités pendant l’année. Elle revoit Sympa leur raconter des histoires, toujours choisies en fonction d’un thème biblique. Car si la section a la particularité de ne dépendre d’aucune paroisse, la Bible et la vie spirituelle sont très présentes. Les jeunes filles chantent beaucoup, en particulier des cantiques.
Les camps sont des temps à la fois simples et marquants. Pour y aller, c’est déjà une aventure : il faut prendre le train avec les tentes, le matériel, le ravitaillement … et même les vélos, comme pour le camp vers les Châteaux de la Loire. Et ce n’est parfois que la première étape. Jeanne se souvient encore du voyage en char à bœufs d’un jour entier qu’elle a fait en tant que cheftaine pour rejoindre le lieu de camp !
Chaque jour, le lever des couleurs est fait au son des chants. Il est chaque fois suivi d’une étude biblique. Les activités quotidiennes occupent beaucoup de temps. Il faut notamment couper du bois pour les installations ou pour le feu qui est utilisé à chaque repas. Jeanne se souvient de certains jeux de ballons, comme la balle au prisonnier. Les clans peuvent obtenir des brevets, comme celui de bricolage ou de cuisine.

En 1939, la guerre éclate. La famille Stauffert part se réfugier dans une maison familiale près de Molsheim. Très vite, Jeanne cherche à se rendre utile. « Je ne pouvais pas rester les bras ballants ! Service, service ! », martèle l’ancienne éclaireuse d’un ton évident.

Elle contacte les éclaireuses de Paris – « à l’époque, on se connaissait toutes ! ». Celles-ci lui
proposent de venir à Paris pour se mettre au service du Service Social, qui lui propose d’aller au préventorium de Senlis, un lieu d’accueil pour enfants malades. La mémoire est intacte pour parler du départ de Molsheim, le 2 janvier 1940 : le froid, le train du soir, le silence des soldats partant pour la guerre et la coupure avec sa famille. Jeanne s’occupe donc des enfants du « Prevent » et y fête ses 18 ans le 17 avril 1940. Quand Paris est bombardée peu après, c’est le départ en urgence pour Hendaye. Là-bas, des hôtels sont ouverts pour accueillir en priorité les enfants isolés. Jeanne suit, s’éloignant davantage de sa famille.
Au même moment, ses parents sont contraints de quitter l’Alsace, bombardée par les Allemands. Ils partent pour la Suisse qui les accepte mais les considère comme des prisonniers, sans aucun droit de donner des nouvelles. Pendant plusieurs mois, Jeanne ne sait pas ce qu’ils sont devenus. Elle reste 8 mois à Hendaye puis rejoint sa tante à Nevers. Finalement, après plusieurs péripéties, Jeanne réussit à passer en zone libre jusqu’à Thonon où l’attendent ses parents.
C’est près de Grenoble qu’ils s’installent, une région qu’elle ne quittera plus. Après la guerre,
Jeanne devient cheftaine d’éclaireuses à Grenoble pendant deux ans. Elle suit des études
d’assistante sociale.
Plus tard, elle épouse Jean-Claudel Menegoz avec qui elle aura 6 enfants. Elle s’engage dans l’équipe d’entraide de la paroisse et fait aussi l’école biblique à Saint-Egrève.

Depuis 60 ans, Jeanne habite dans une magnifique maison avec vue sur le Vercors. Dans une immense armoire, sa fille trouve pour nous un album-photos un peu oublié : celui où sont rangées toutes les photos de sa mère éclaireuse. On y voit des installations soignées, des départs en camp,
des jeunes femmes réparant des vélos, des clans en uniforme posant devant les tentes canadiennes, des temps de promesse … Si le scoutisme a changé par certains aspects, des choses perdurent : la vie en équipe, les jeux dans la nature, ou, comme le rappelle Jeanne, le fait d’être prêt à aider les autres.


Céline Trocmé-Fourcaud
Rencontre le 27/02/2020 à Saint-Egrève