Christine Fourcaud

« C’est impressionnant comme le scoutisme évolue avec son temps, en se posant les bonnes questions. Ça bouge toujours, ça réfléchit toujours, ça reste pertinent !» Conseillère de Groupe Local aux EEUdF depuis plus de 30 ans, louvette, éclaireuse, responsable, Christine Fourcaud a (presque) toujours fait du scoutisme ! Et tous ses engagements se sont noués autour de la jeunesse et de l’éducation. Car elle en est convaincue : « L’une des meilleures façons d’agir dans notre société, c’est l’éducation ! Prochain objectif : foulards pour tous et toutes ! ».


« C’est impressionnant comme le scoutisme évolue avec son temps, en se posant les bonnes questions. Ça bouge toujours, ça réfléchit toujours, ça reste pertinent ! »
Le regard sur le scoutisme n’est pas forcément positif ? Peu importe : Christine Fourcaud revendique aujourd’hui fièrement son engagement durable !

Née le 2 novembre 1953 à Constantine, Christine Malherbe garde des souvenirs d’Algérie paradisiaques : le soleil, la mer et surtout, la tendresse d’une grande famille. Plusieurs fois par semaine, elle retrouve oncles, tantes, cousins, cousines et grands-parents, toute une tribu protestante et scoute, et ce sont des temps de jeux, de discussions, de partages intergénérationnels.

Son père, René, est réparateur de balances puis gérant d’un magasin d’électroménager. Sa mère, Jacqueline, gère la maison et s’occupe des enfants : Christine, Michèle (décédée en 1958) et Philippe.
La guerre éclate. En 1961, la famille quitte l’Algérie et s’installe à La Seyne-sur-Mer. Là, Christinedevient cadette – l’équivalent de Petite Aile. Elle garde peu de souvenirs de cette époque – des sorties dans les bois à la journée, une grosse chute, des chants…

En 1964, elle est éclaireuse. Il n’y a pas de groupe sur place, elle ne peut donc pas faire les activités d’année, mais elle rejoint ses cousines de Poitiers pour les camps d’été. Ils regroupent alors toutes les éclaireuses de la région, dont certaines parlant le patois poitevin, une découverte !
Du premier camp en 1964 dans le Puy-de-Dôme restent des souvenirs de paillasses remplies de foin odorant et le cahier d’explo – « chef-d’œuvre » de chaque clan répertoriant les souvenirs marquants

Le camp suivant est un vrai coup de cœur : il se passe près de Foix et a pour thème les Cathares.
Christine se passionne pour les visites de châteaux, les jeux, les chants … C’est pendant ce camp
qu’elle est totémisée. Ce rite de passage est vécu comme un vrai honneur. Il se fait en grand secret,
la nuit, seulement en présence des responsables et des éclaireuses totémisées. Beaucoup de rumeurs
circulent, car le secret est de mise. Un faux totem est d’abord proposé : « Chasse d’eau passionnée,
es-tu d’accord ? » Malaise… Le vrai totem est Jody rêveur, à sa grande joie – l’album de Jody qui
recueille un faon fait partie de ses préférées !

Elle fait également sa promesse, ce qui est l’occasion de discussions fortes sur l’engagement avec des cheftaines qu’elle admire, les filles Cheminée.
En 1966, elle fait son premier camp en tant que cheftaine de louveteaux. Elle a alors … 13 ans et demi ! Elle joue son rôle avec conviction, ce qui ne l’empêche pas de s’endormir régulièrement pendant les réunions du soir ou de jouer à la balle au prisonnier avec une passion enfantine ! Elle découvre émerveillée les conseils au clair de lune, où l’on réveille les enfants pour aller écouter Akéla, chanter le chant des louveteaux et crier à la fin « De notre mieux, mieux, mieux ! »
L’année suivante, elle déménage à Libourne, s’implique à partir de 1968 auprès des louveteaux du groupe local sous le regard exigeant et reconnaissant du pasteur, puis crée le groupe des éclais en 1970.

Les choses se construisent véritablement à partir de 1971, quand elle entame des études de psychologie et que l’idée de devenir institutrice prend forme. Commence un va-et-vient entre ce que Christine apprend à la faculté et ce qu’elle vit aux EEUdF. Elle se plonge dans la pédagogie scoute, se forme pour le BAFA, recrute et construit un vrai projet pour le groupe local.
L’été, elle emmène les éclaireuses au camp libre des Cévennes : les clans qui n’ont pas assez de responsables peuvent camper sous la direction de commissaires nationales. Elle en garde des souvenirs vagues et mitigés. Mais des propos très positifs de la directrice du camp sur sa posture et ses compétences la motivent à continuer et à investir le mouvement.
En 1972, elle emmène ses éclais à Thiviers. C’est le premier camp où, pour la première fois, les équipes de responsables et les équipes d’éclais sont mixtes. « Nous étions portés par l’impression d’inaugurer quelque chose au niveau de la mixité ! » C’est un camp mémorable pour Christine : le lieu magnifique, les grands jeux, les feux de camp, mais surtout, les discussions à n’en plus finir.
Tout est remis en question : la totémisation, la religion, les structures du mouvement … Elle
découvre ainsi d’autres façons d’appréhender les choses.
L’année suivante, elle construit un spectacle avec les éclais. Pendant l’été, elle se marie en 1973 avec Jean-Louis Fourcaud avec qui elle aura 4 enfants : Nicolas, Émilie, David et Noé.

Elle devient professeure des écoles. Le scoutisme donne une coloration particulière à sa vie professionnelle. « J’ai été nourrie de ce que j’y ai vécu. J’avais vraiment des souvenirs de partages joyeux, de fous rires, de jeux, de discussions, de plaisir, de projets construits porteurs d’apprentissages, et j’avais envie de vivre des choses de ce type-là dans les écoles. » D’où les nombreux projets, parfois un peu fous, comme un voyage à Paris pour toute l’école. D’où aussi le temps donné et les liens très forts tissés avec les parents d’élèves.

En 1984, son fils aîné Nicolas a 8 ans. Le groupe local de Poitiers est en train d’être remonté par Hélène Masson. Christine aide ponctuellement, au départ pour l’organisation des jeux et des activités, puis davantage sur l’intendance et l’accompagnement des responsables. Elle est nommée « par hasard » conseillère de groupe local. Avec son mari, elle impulse ou accompagne d’ambitieux projets. Ils sont parallèlement engagés dans le groupe Cimade de la région qui soutient la coopérative Taypikala, qui essaye de mettre en valeur le savoir-faire des Indiens de Bolivie. Le couple propose alors au groupe d’éclais d’aller découvrir la réalité du terrain ! Le projet se construit, en partenariat étroit avec la Cimade ; les actions locales pour rendre visible le projet et le financer se développent : soirée festive, spectacle … Le voyage a lieu en 1988 et marque aussi bien les adolescents que les adultes. Ils découvrent une autre culture, rencontrent Sergio et Ana Maria, les responsables de la coopérative, qui les guident dans une solidarité respectueuse.
Quand leur fils devient aîné, l’idée d’un nouveau partenariat avec la Cimade ressurgit. La campagne « Drogue et développement » permet de construire un projet autour des enfants de la rue de La Paz et sur les cultures alternatives à la coca. À nouveau, Christine et Jean-Louis font partie des adultes qui accompagnent les 9 ainé.e.s de Poitiers en Bolivie en 1994.
L’habitude de construire des projets solidaires en partenariat avec des associations est ancrée dans le groupe local de Poitiers. C’est aussi l’exigence des EEUdF ! Les équipes d’ainé.e.s partent au Bénin avec Initiative et Développement, au Sénégal et au Mali avec la Cimade…

Aujourd’hui, Christine est toujours conseillère de groupe local, avec la même volonté d’allier
convivialité et exigence. Elle a vu l’évolution de la place des parents dans le mouvement. « Avant, les responsables prenaient beaucoup plus en charge que maintenant. Aujourd’hui, les cadres locaux assument de plus en plus la responsabilité du groupe local. J’ai parfois peur que les adultes prennent trop de place. Il faut laisser les responsables être à fond, les laisser continuer à inventer ! En même temps, il faut les accompagner, notamment sur le plan pédagogique. »
Elle a vu ses enfants s’investir à leur tour dans le scoutisme et devenir des « passeurs pour grandir. »
Elle continue à tisser des liens : avec la paroisse, avec les autres mouvements de scoutisme à travers le collège du scoutisme français à Poitiers, avec les partenaires associatifs … tout ce qui permet que le scoutisme soit inscrit dans la Cité.
Finalement, à y regarder de plus près, tous les engagements de Christine se sont noués autour de la jeunesse et de l’éducation : l’école, son engagement autour de la librairie jeunesse La Belle Aventure, le scoutisme … Elle en est convaincue : « L’une des meilleures façons d’agir dans notre société, c’est l’éducation ! Prochain objectif : foulards pour tous et toutes ! »


Céline Trocmé-Fourcaud, rencontre téléphonique les 6-7-8 avril 2020