Germaine Le Guillant
formatrice des infirmiers psychiatriques aux CEMEA

De l’éducation nouvelle à la psychiatrie nouvelle : c’est le parcours singulier de Germaine Le Hénaff, devenue plus tard Germaine Le Guillant. Institutrice issue d’une famille de pêcheurs, elle dirige pendant la guerre une maison d’enfants, où dans le secret, elle accueille des jeunes juifs. Elle sera reconnue Juste parmi les Nations. En 1948, militante aux CEMEA, elle rencontre le Dr Daumézon et invente avec lui … la formation des infirmiers psychiatriques ! Changer le regard sur la maladie mentale, parler d’équipe de soin, utiliser des méthodes actives dans la relation soignant/soigné : ces stages novateurs auront un impact durable sur la psychiatrie en France.

Elle a désormais une fiche Wikipedia!

Découvrir et remettre de l’ordre dans son parcours m’a permis de comprendre (un peu!) ce qui se joue après la seconde guerre mondiale, dans deux domaines passionnants.

Celui de « l’enfance inadaptée » d’abord, où l’on invente progressivement la profession d’éducateur spécialisée et les lieux d’hébergement des enfants qui ont soit des problèmes sociaux et familiaux, soit des handicaps mentaux ou des troubles du comportements. On y trouve un très grand nombre d’ancien-nes scout-es et éclaireur-ses! De nombreuses tentatives ont eu lieu, pour essayer d’appliquer la pédagogie du scoutisme avec ces enfants, avec plus ou moins de succès. Et puis c’est aussi le domaine du grand Fernand Deligny, lui aussi ancien éclaireur, mais tenant d’une approche presque libertaine de la question. Quel rapport avec Germaine Le Guillant ? Et bien, elle crée au sein des CEMEA un premier embryon de formation d’éducateur! Vous pouvez lire cet article de Maurice Capul, si vous avez envie d’en savoir plus.

Le deuxième domaine, c’est celui de la psychiatrie d’après-guerre, et de la formation des infirmiers psychiatriques. Dans un contexte où plusieurs milliers de patients sont morts de faim dans les asiles pendant la guerre, un fort mouvement de réforme, presque de révolution souffle sur la psychiatrie. On veut sortir de l’asile, faire tomber les murs, refonder la relation avec les patients, former les infirmiers pour qu’ils soient compétents et sortent de la dépendance hiérarchique des médecins… dans ce contexte bouillonnant, Germaine Le Hénaff crée tout simplement, avec un éclaireur unioniste devenu psychiatre (Dr Daumezon), la première formation réelle pour les infirmiers psychiatriques en France, toujours au sein des CEMEA. Elle y croise là aussi d’autres anciens éclaireurs épris d’émancipation comme Jean Oury, figure de la psychothérapie institutionnelle.

Grace aux copains et copines des CEMEA qui l’ont déniché, vous pouvez consulter le récit de ce tout premier stage de formation des infirmiers psychiatriques, par Germaine elle-même.

Maud

crédit photo: en haut,source : Arch. fam., crédit photo : D.R (CNAHES.org) et en bas: avec son mari Louis Le Guillant, photo Vie Sociale et Traitement n°53-54