Mylaine Weil, déportée et psychologue

Mylaine Weill

Pour le projet des Astrales, Mylaine Weil (née Veil), 99 ans, a accepté de raconter quelques souvenirs de ses années d’éclaireuses, ainsi que ses rencontres avec Adelaïde Hautval.

Mylaine, en tenue d’éclaireuse (collection familiale)

« J’étais éclaireuse à Nancy. Je me souviens du clan des Abeilles… du local du Haut-du-Lièvre où avaient lieu chaque semaine nos réunions du jeudi. Je me souviens des cheftaines dont l’une, Tatchou, sera une active résistante dans les années 42-45 (Geneviève Pittet). Je me souviens aussi d’une rencontre dans les Vosges avec les Éclaireuses de Strasbourg et leur cheftaine Adelaïde Hautval. »

Dans un récent documentaire sur Adelaïde Hautval, dite Haidi (1906-1988), Daniel Cling a raconté le parcours de cette médecin psychiatre protestante, envoyée à Auschwitz pour avoir défendu une famille juive. C’est grâce à ce documentaire que j’ai eu connaissance de l’histoire de Mylaine et que j’ai cherché à retrouver sa trace. Comme j’avais interviewé sa soeur Janine, je n’ai pas eu trop de mal à la retrouver. Elle m’a gentiment reçue à l’automne 2021 chez elle à Paris.

En 1940, Mylaine et sa famille quittent la Lorraine et s’installent à Grenoble où, à la demande de Margot Mörch et avec son aide, Mylaine créée une petite section d’éclaireuses neutres. « Comme Tatchou, Margot s’est impliquée dans des groupes de résistance… et elle a aidé et caché des tas de gens. » Margot Mörch était sous-directrice du foyer de l’étudiante à Grenoble. En février 1944, Mylaine, issue d’une famille juive, est déportée à Auschwitz-Birkenau.

« Le scoutisme m’a certainement bien aidé à tenir le coup…, m’a-t-elle confiée. Et puis j’ai eu cette chance de retrouver Haidi Hautval pendant mon court « séjour » au Revier (l’infirmerie du camp). Elle y était médecin et… je l’ai reconnue. “Vous avez une tête de cheftaine d’éclaireuses”, lui ai-je dit. Je me souviens bien de ma surprise et de cette phrase bien peu respectueuse… mais le respect au camp… Grâce à elle, je me suis retrouvée au « Canada », commando le moins mauvais à Auschwitz. Tout était question de hasard. Une succession de chances m’a permis de revenir. »

Après la guerre, Mylaine s’est mariée, a eu cinq enfants. Elle a repris ses études, est devenue psychologue, a exercé comme rééducatrice du langage écrit et a continué à la retraite dans des groupes de soutien scolaire.
Aujourd’hui, elle est à la tête d’une tribu de 12 petits-enfants, 25 arrières-petits-enfants, dont certains ont tâté du scoutisme.

Elle cite les noms de Liliane Klein-Lieber ; Juliette Vidal et Marinette (Juste parmi les nations, résistantes), Geneviève Pittet, mariée à Priacel (Tatchou). « Voilà des femmes qu’il ne faut pas oublier », conclut-elle.

Francine Dumas,
militante féministe protestante

Francine Dumas
Francine Dumas (1917-1998) (extrait d’une photo avec son mari) © SHPF

J’ai découvert le parcours incroyable de Francine Dumas en écrivant la fiche du Mouvement Jeunes Femmes dont elle est une des co-fondatrices.

Cette grande intellectuelle protestante a eu une certaine influence sur les réflexions concernant le couple et la sexualité, notamment dans les milieux protestants. Son parcours est évidemment moins connu que celui de son mari André Dumas, théologien.

L’absence de fiche wikipedia devait être comblée, surtout qu’elle est citée dans le dictionnaire des féministes et dans celui des figures protestantes.

C’est une grande fierté de savoir que Francine Dumas a été cheftaine au sein de la Fédération française des Eclaireuses !

Sa fiche est donc accessible ici.

Marie Médard-Fillet,
résistante et militante associative

Marie Médard

Marie Médard s’engage très jeune contre le nazisme et fait partie d’un groupe d’étudiants qui portent des fausses étoiles pour protester contre le décret qui impose le port de l’étoile jaune aux Juifs.

Elle s’engage dans la Résistance par l’intermédiaire d’Hélène Berr. Elle accompagne des enfants juifs en zone sud. Début 1944, elle rejoint le réseau Jonque.

Arrêtée, torturée puis déportée, Marie Médard gardera le silence. Incarcérée un temps à la prison de Fresnes, sa route croise celle de Jacqueline Fleury-Marié.

Marie Médard revient en 1945 de Ravensbrück. Elle participera avec Germaine Tillon et Anise Postel-Vinay au travail sur les archives et contribuera à l’association des anciennes déportées.

Pour lire sa fiche wikipedia, c’est par là.

Un ouvrage est consacré sur son engagement dans la Résistance : Cécile Leblanc, Marie Médard, une jeune résistante, éditions Ampelos, p. 144, 2021.

Marianne Cornevin,
historienne de l’Afrique

Photo issue du site Babelio – source inconnue

Marianne Cornevin est éclaireuse unioniste : dans le cadre de la FFE, elle rencontre Hélène Viannay qui la contacte ensuite quand il s’agit de monter le réseau de distribution du journal clandestin Défense de la France.

Après guerre, elle part avec son époux en Afrique, vit dans plusieurs pays notamment au Bénin. Médecin, elle exerce notamment en médecine scolaire. Quand le couple rentre en France, c’est l’histoire qui retient alors son attention. Initialement, elle travaille dans l’ombre de son mari, réalisant une partie des recherches pour sa thèse. Puis en 1972, elle publie elle-même le tome 2 de l’Histoire de l’Afrique lancée par son mari. Elle se penche ensuite longtemps sur l’Afrique du Sud et le régime de l’apartheid, mettant en lumière les falsifications de l’histoire qui y sont à l’œuvre. Elle travaille aussi sur une synthèse et vulgarisation des dernières découvertes archéologiques concernant le continent africain, où elle met en avant les technologies utilisées précocément par différents peuples africains.

Comme le retrace cet article passionnant de Libération, elle lutte avec son travail d’historienne contre « les idées reçues d’un européocentrisme délirant » dans la lecture de l’histoire de l’Afrique. Cet article vaut aussi le détour pour le récit de ses difficultés à s’imposer parmi les historiens en tant que femme, et femme de.

Sa page Wikipedia est par ici, et on cherche une photo sous licence libre!

Maud

Dominique Riehl, réformatrice de l’éducation surveillée pour jeunes filles

Plonger dans la vie de Dominique Riehl m’a fait découvrir le monde de l’éducation surveillée de l’après guerre et cela n’est pas une des plus belles découvertes que j’ai faite pour les Astrales.

Eclaireuse puis cheftaine dans sa jeunesse. Elle commence sa vie professionnelle comme institutrice.

L’ordonnance de 1945 sur l’enfance délinquante affirme une volonté d’éducation en opposition à la répression d’avant guerre. De nouveaux modèles éducatif sont à l’essai, voulant clore le passé pénitencier en mettant en place l’internat de rééducation. C’est dans ce contexte que Dominique Riehl est chargée de prendre la direction et de réformer l’établissement pour jeunes filles de Cadillac.

En recrutant d’anciennes éclaireuses et cheftaine, elle tente d’introduire le scoutisme dans les méthodes pédagogiques.

Elle ouvre par la suite un autre centre: Brécourt, alors considéré comme une réussite dans l’éducation surveillée et de nombreux visiteurs viennent y examiner les méthodes (magistrats, pédagogues)

Elle sera durant de nombreuses années une figure majeure dans le monde de l’éducation surveillée, en tant que formatrice et membre d’une commission consultative sur l’enfance délinquante et socialement inadaptée puis en tant qu’inspectrice.

Des critiques s’élèvent à l’époque contre ses méthodes : elle choisit pour son deuxième centre les meilleurs éléments et abandonnent les autres jeunes filles. De ses nombreux écrits ressort l’idée qu’elle n’a aucune foi en la réinsertion de ces jeunes filles et les décrit comme ayant des « tendances à la paresse », des « penchants pour la débauche », elles présentent des « faiblesses d’esprit ».

Malgré des propos marquants pour notre époque, il faut souligner que avant l’éducation surveillée n’existait que des établissement de type pénitencier sans aucune volonté éducative.

Vous pouvez découvrir le reste de sa vie sur sa fiche wikipédia ! Nous n’avons à ce jour aucune image d’elle, si jamais vous découvrez dans des archives des images de Brécourt ou de Cadillac, n’hésitez pas à nous les transmettre!

Diane