Sophie Sacquin-Mora
scientifique et féministe

Sophie Sacquin-Mora
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« Ses passions ? Le féminisme, la littérature jeunesse et la science. » Sophie Sacquin-Mora, née en 1978, est physico-chimiste théoricienne au CNRS. Un peu comme une sociologue des protéines, elle développe des outils de modélisation pour décrypter leurs fonctionnalités au sein de la cellule. Son blog, « Top of the prots » vise à vulgariser le travail de recherches autour des protéines pour le grand public.

Son envie de partager ses connaissances n’est pas nouvelle. Maman de trois filles, elle avait déjà créé un blog pour donner des conseils aux parents sur les jeux et les livres pour leur progéniture.

Douze années chez les Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes de France

Elle a passé son enfance dans le XIIIe arrondissement de Paris. Une de ses copines l’emmène aux Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes, dans le groupe de Vieille Colline. Elle passe sept ans en branche cadette et moyenne, une année en branche aînée pendant laquelle elle part en voyage au Vietnam, quatre années en tant que responsables, où elle se fait des amis pour la vie.

Féministe, elle s’engage pour donner une plus grande visibilité aux chercheuses. Membre du réseau français de chimie théorique, elle a fait voter un nouveau règlement  qui impose une femme au moins dans la liste des conférenciers invités. « C’est souvent de la paresse intellectuelle de reprendre ceux qui sont connus. Il suffit d’y penser en amont, de noter les noms de celles qui écrivent des articles, et surtout de se dire qu’on n’invite pas ceux qu’on a déjà entendus. »

Le scoutisme lui a donné l’habitude de la coopération, du bricolage … et de la confiance en elle, comme elle témoignait dans son portrait publié par l’hebdomadaire protestant Réforme en 2019.

Elle fait partie des douze femmes présentées dans le calendrier des EEUdF en 2021.

Sophie Sacquin-Mora a été interviewée dans l’émission Ca s’dit scout spécial Centenaire de la Fédération française des Eclaireuses, à retrouver sur le site de Fréquence Protestante ou sur le site des EEUdF.

Esther Duflo,
prix Nobel d’économie

Esther Duflo
Esther Duflo © L. Barry Hetherington

À 46 ans, Esther Duflo devient la plus jeune économiste récompensée par le Prix Nobel d’économie, et la seconde femme à le recevoir. En 2019, l’Académie royale des sciences de Suède lui a décerné ainsi qu’à Abhijit Banerjee et Michael Kremer le prix Nobel d’économie pour leurs travaux sur la réduction de la pauvreté dans le monde

Esther Duflo a popularisé une méthode scientifique pour vérifier l’efficacité de mesures contre la pauvreté. Des chefs d’États, des organisations non-gouvernementales, des activistes, la sollicitent pour avoir ses conseils pour lutter contre la pauvreté. Elle est à la tête d’un réseau de chercheuses et chercheurs partout dans le monde qui travaille avec la même méthode, J-Pal. Le travail en équipe est primordial à ses yeux, hérité de son engagement dans le scoutisme.

En effet, elle a été éclaireuse et responsable dans le groupe local de Bois-Colombes, en région parisienne, au sein du mouvement des Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes de France.

« œuvrer pour un monde meilleur »

Elle témoignait à l’occasion du centenaire des éclaireurs unionistes en 2011 : « Je dois au mouvement, en grande partie, une confiance inébranlable dans l’idée que le monde peut être plus juste, plus fraternel et plus vivable pour tous, même les plus pauvres, et aussi la conviction qu’il nous appartient, à moi comme à chacun d’entre nous, de faire mon possible, à ma mesure, pour que ce monde meilleur advienne. »

Elle fait partie des douze femmes présentées dans le calendrier des EEUdF en 2021.

Pour lire sa fiche wikipedia, c’est par ici.

Reysa Bernson
Astronome passionnée de transmission aux jeunes

Reysa Bernson est une femme fascinante. Née en 1904, elle fait de brillantes études, s’engage dans les organisations étudiantes (elle sera vice-présidente de la toute jeune UNEF), et surtout se passionne d’astronomie. A 16 ans, elle est admise à la Société Française d’Astronomie, et va, à partir de là, développer une activité intense de vulgarisation et de sensibilisation des jeunes. Elle se déplace bénévolement dans des classes, des sanatoriums, des foyers de jeunes aveugles, … et rencontre le scoutisme. Elle y développe un brevet d’astronomie, forme les chefs et les cheftaines, conçoit une lunette d’observation fabricable en camp scout, monte un groupe d’éclaireurs dédié! En 1937, reconnue pour son engagement pour la diffusion de l’astronomie auprès du grand public, elle est nommée responsable du premier planetarium de France, qui accueille 800 000 personnes à l’occasion de l’Exposition Universelle à Paris. Elle est déportée et assassinée comme juive pendant la guerre.

Au fil de la découverte de son parcours, on se prend à se demander : mais où trouvait-elle cette énergie ? d’où lui venait cette passion pour la jeunesse, et cette justesse dans la manière de parler aux jeunes ? Malgré cette grande contribution, femme dans un milieu très masculin, elle fut oubliée pendant plus de 50 ans. Son action fut exhumée récemment par Jean-Michel Faidit, et les travaux menés par l’Université de Lille dans le cadre du projet Université avec un grand elles.

Vous pouvez découvrir tout son parcours sur sa fiche Wikipedia remaniée et enrichie.

En complément de ce travail grand public, je me suis lancée à la recherche de l’article paru dans L’Éclaireur (la revue des Éclaireurs de France de l’époque) où elle donne les informations pour construire une lunette d’astronomie en camp scout : et si on pouvait le réutiliser aujourd’hui sur nos camps?

En fouillant dans les archives, j’ai effectivement découvert cet article (à télécharger ici). Mais surprise, je trouve aussi plusieurs articles sur l’astronomie dans les autres numéros de la revue. Ils sont signés Astéroïde 1021… me voilà totalement fascinée, car après recherche, l’astéroïde 1021 porte le nom Flammario. Or, Reysa Bernson était une grand admiratrice de l’astronome Camille Flammarion, qui l’avait parrainée pour entrer à la Société Française d’Astronomie. Me voilà quasiment certaine que c’est elle l’autrice de ces articles! Plus je fouille, plus je trouve : il se trouve qu’Astéroide 1021 a écrit de nombreux articles, très détaillés, pour l’Éclaireur entre 1933 et 1940, qui sont parmi les pièces centrales de la revue sur la période. Puis, plus de traces, ce qui correspondrait au fait que Reysa Bernson déménage et semble se cacher durant la guerre, sachant qu’elle est d’origine juive. Ma journée dans les archives du siège des EEDF est intense : je cherche frénétiquement de quoi établir un lien certain entre Astéroïde 1021 et Reysa Bernson. Et puis bingo! Dans un numéro du Chef (la revue des chefs EDF), je trouve un article signé Astéroide 1021 mais … annoncé comme écrit par R. Bernson dans le sommaire!

Reysa Bernson fut donc, en complément de toutes ses autres réalisations, une des plumes principales de la revue des Éclaireurs de France dans les années 1930! Pour les curieux-ses, ses articles sont téléchargeables ici, et ici ses publications sur l’astronomie et la jeunesse dans la revue l’Astronomie.

Maud