Germaine Le Guillant
formatrice des infirmiers psychiatriques aux CEMEA

De l’éducation nouvelle à la psychiatrie nouvelle : c’est le parcours singulier de Germaine Le Hénaff, devenue plus tard Germaine Le Guillant. Institutrice issue d’une famille de pêcheurs, elle dirige pendant la guerre une maison d’enfants, où dans le secret, elle accueille des jeunes juifs. Elle sera reconnue Juste parmi les Nations. En 1948, militante aux CEMEA, elle rencontre le Dr Daumézon et invente avec lui … la formation des infirmiers psychiatriques ! Changer le regard sur la maladie mentale, parler d’équipe de soin, utiliser des méthodes actives dans la relation soignant/soigné : ces stages novateurs auront un impact durable sur la psychiatrie en France.

Elle a désormais une fiche Wikipedia!

Découvrir et remettre de l’ordre dans son parcours m’a permis de comprendre (un peu!) ce qui se joue après la seconde guerre mondiale, dans deux domaines passionnants.

Celui de « l’enfance inadaptée » d’abord, où l’on invente progressivement la profession d’éducateur spécialisée et les lieux d’hébergement des enfants qui ont soit des problèmes sociaux et familiaux, soit des handicaps mentaux ou des troubles du comportements. On y trouve un très grand nombre d’ancien-nes scout-es et éclaireur-ses! De nombreuses tentatives ont eu lieu, pour essayer d’appliquer la pédagogie du scoutisme avec ces enfants, avec plus ou moins de succès. Et puis c’est aussi le domaine du grand Fernand Deligny, lui aussi ancien éclaireur, mais tenant d’une approche presque libertaine de la question. Quel rapport avec Germaine Le Guillant ? Et bien, elle crée au sein des CEMEA un premier embryon de formation d’éducateur! Vous pouvez lire cet article de Maurice Capul, si vous avez envie d’en savoir plus.

Le deuxième domaine, c’est celui de la psychiatrie d’après-guerre, et de la formation des infirmiers psychiatriques. Dans un contexte où plusieurs milliers de patients sont morts de faim dans les asiles pendant la guerre, un fort mouvement de réforme, presque de révolution souffle sur la psychiatrie. On veut sortir de l’asile, faire tomber les murs, refonder la relation avec les patients, former les infirmiers pour qu’ils soient compétents et sortent de la dépendance hiérarchique des médecins… dans ce contexte bouillonnant, Germaine Le Hénaff crée tout simplement, avec un éclaireur unioniste devenu psychiatre (Dr Daumezon), la première formation réelle pour les infirmiers psychiatriques en France, toujours au sein des CEMEA. Elle y croise là aussi d’autres anciens éclaireurs épris d’émancipation comme Jean Oury, figure de la psychothérapie institutionnelle.

Grace aux copains et copines des CEMEA qui l’ont déniché, vous pouvez consulter le récit de ce tout premier stage de formation des infirmiers psychiatriques, par Germaine elle-même.

Maud

crédit photo: en haut,source : Arch. fam., crédit photo : D.R (CNAHES.org) et en bas: avec son mari Louis Le Guillant, photo Vie Sociale et Traitement n°53-54

Marceline Loridan-Ivens
cinéaste des peuples en lutte et témoin de la Shoah

photo auteur anonyme sur Babelio.fr

« Je suis une fille de Birkenau, et vous ne m’aurez pas » écrit-elle en ouverture de son essai L’amour après, où elle témoigne de ce que peut-être le rapport au corps, l’amour, la sexualité, après les camps d’extermination nazis. Née dans une famille juive émigrée, non pratiquante, Marceline Loridan-Ivens est petite aile à la FFE (section inconnue). Elle est déportée à Auschwitz-Birkenau à 15 ans, avec son père. Elle y rencontre Simone Veil, dont elle sera l’amie intime toute leur vie. A son retour des camps, elle mène une « vie balagan », en désordre, à Saint-Germain-des-Près. Elle grandit engagée à l’époque des décolonisations. Elle cache de l’argent pour le FLN à l’époque de la guerre d’Algérie, signe le Manifeste des 343 pour le droit à l’avortement, puis découvre le cinéma. Son premier film est consacré à la première année de l’indépendance de l’Algérie. Elle filme ensuite avec son deuxième mari, Joris Ivens, grande figure du cinéma engagé. Ensemble, ils réalisent des documentaires sur les peuples en lutte et la révolution, au Vietnam, en Chine – dans une démarche que plus tard elle jugera un peu « naïve ». Elle témoigne aussi inlassablement de la Shoah, dans son film de fiction La petite prairie aux bouleaux, où elle revient à Birkenau; et dans trois essais autobiographiques.

Vous pouvez lire ici sa page Wikipedia, que nous avons restructurée et améliorée, pour plus d’infos.

J’ai découvert Marceline Loridan-Ivens dans un article du Canard Enchainé, consacré à son livre sur l’amour après les camps, écrit vers ses 89 ans. L’idée m’avait saisie : parler de son corps, de sa sexualité, de sa capacité à aimer après la déportation, c’était stupéfiant. J’ai découvert quelques mois plus tard, en farfouillant, qu’elle avait été à la FFE. Et me voilà à dévorer ses paroles, dans des interviews et dans ses livres. Ma vie balagan notamment, m’a suivi tout un été. Elle y raconte sa vie fascinante de femme engagée, de cinéaste « du réel » et des luttes, mais partout, au fil des chapitres, l’expérience du camp remonte, comme si le fil de ses pensées ne pouvait jamais s’en écarter, indissociable de sa vie. Le chapitre consacrée à son retour en France s’appelle : le non-retour.

Une autre facette passionnante de sa vie, c’est son aventure de trente ans avec Joris Ivens, la manière dont elle lie fondamentalement sa vie à celle de cet homme mais – au contraire de plusieurs autres dont nous avons fait le portrait – comment elle ne disparaît jamais derrière lui, mais au contraire s’épanouit et s’amplifie durant leur relation. « Nous étions une hydre à deux têtes, notre histoire n’a rien à voir avec le vieux du Pygmalion et de sa créature« , dit-elle.

Voici un des passages, parmi beaucoup d’autres, qui m’ont particulièrement marquée dans Ma vie balagan. Elle évoque Mala, une camarade de camp. Polonaise et résistante, elle parvient à s’enfuir avec son amant. Ils sont dénoncés par des paysans et capturés de nouveau par les SS. Elle est montrée en exemple aux autres femmes du camp : « Mala est arrivée dans une charette trainée par des cordes auxquelles étaient attachées des déportées. Et elle, debout, tout habillée de noir. (…) Ils ont fait monter Mala sur la potence, les mains attachées dans le dos. Ils ont fait un discours en allemand, comme quoi on était très bien ici; si quelqu’un essayait de s’échapper, il serait exécuté de la même manière; … Mala était toujours attachée. Mais quelqu’un avait du lui donner une lame. Elle avait coupé les cordes et s’était ouvert les veines. Soudain, un des SS qui était en train de parler pour nous débiter toujours les mêmes horreurs, ce SS a vu le sang. Il a a attrapé Mala par un bras, et de son bras libre, Mala lui a flanqué une gifle magistrale Il est tombé par terre. Il y a eu une espèce de cri dans l’assistance, en même temps qu’un silence incroyable. Mala nous a parlé en français. Elle a dit qu’elle avait essayé de s’évader pour crier au monde ce qui se passait ici, que la guerre serait bientôt finie, que les Allemands étaient en train de perdre la guerre, qu’elle ne verrait pas leur défaite mais que nous, nous devions absolument tenir le coup. Ses paroles nous ont tellement rassérénées, nous pleurions toutes. (…) Telle est l’histoire de Mala. La première Juive qui nous parlait dans le camp et défiait notre humiliation.« 

Vous pouvez aussi regarder cette bande-annonce d’un film consacré à sa vie, où on la voit, âgée, avec toute la vitalité que l’on ressent dans ses livres.

Maud

Simone Veil
Magistrate et femme politique

Simone Veil, Calendrier FFE

Simone Jacob est née le 13 juillet 1927 à Nice dans une famille de quatre enfants, dont un grand frère Jean et deux sœurs aînées : Madeleine la plus âgée (surnommée Milou) et Denise. Cette dernière est connu sous son nom d’épouse, Vernay. Dans sa biographie1, Simone aime à rappeler les origines juives de ses parents mais également leur attachement profond à la laïcité, ce qui explique pourquoi Simone et ses sœurs ont fréquenté la section neutre de la Fédération Française des Éclaireuses2 et non la section israélite. Après leur rencontre et mariage à Paris, les parents de Simone s’installe à Nice quelques années avant sa naissance car son père prévoit d’exercer son métier d’architecte dans un contexte de construction et de développement du littoral. De son côté, sa mère doit mettre fin à ses études de chimie pour s’occuper des enfants et du foyer. Malheureusement la famille doit subir la crise économique de 1929, mais malgré les difficultés Simone dépeint une enfance heureuse en particulier avec ses frères et sœurs et plus tard avec les éclaireuses.

La FFE est comme une deuxième famille pour Simone, d’ailleurs toute la famille participe à la vie des éclaireuses. Sa mère confectionne les cravates3, ses sœurs Milou et Denise se consacrent à la tâche de cheftaine juste avant que la famille ne subisse les déportations4. Simone raconte dans sa biographie : « Les éclaireuses étaient toutes des camarades de lycée, et nos familles se fréquentaient et se rendaient des services. […] J’avais ainsi le sentiment de vivre au sein d’une communauté aux contours informels, mais à l’intérieur de laquelle les échanges étaient multiples et chaleureux »5. Très vite arrive l’entrée en guerre, Simone a 12 ans et c’est de cette période dont elle se souvient lorsqu’elle évoque les camarades de lycée et les camps d’éclaireuses. Pendant l’été 1939, Simone et les éclaireuses de la section neutre du groupe Nice IV campent au Mont Aigoual6. Une épidémie de scarlatine se déclare ce qui oblige Simone et ses sœurs à rentrer chez leurs parents où elles apprennent la nouvelle de l’entrée en guerre de la France. Mais la vie suit sont cours, au lycée comme à la compagnie des éclaireuses. C’est probablement aux alentours de cette période que Simone reçoit son totem : Lièvre astucieux7.

En 1943, la situation se complique pour la famille Jacob qui subit de plus en plus l’antisémitisme de Vichy et des occupants nazis. En septembre, alors que les sœurs de Simone participent à un camp de cheftaines8 elle doivent prendre une décision importante, rejoindre leurs parents et leur famille qui se cachent à Nice ou trouver un autre endroit plus sûr. Denise s’engage alors dans le mouvement de résistance Le Franc Tireur dans la région lyonnaise, de son côté Milou décide de revenir pour aider la famille à vivre. La situation se dégrade et la famille se disperse donc chez divers amis munis de fausses cartes d’identité. Milou et Simone logent chez d’anciens professeurs. Deux mois après le début de l’année scolaire Simone doit quitter le lycée suite à l’arrestation d’autres lycéennes juives, désormais elle prépare le baccalauréat par ses propres moyens. Le 29 mars 1944 Simone passe les épreuves sans difficultés, le lendemain c’est en rejoignant des amies pour fêter la fin des examens qu’elle est arrêtée au cours d’un contrôle d’identité9. Toute la famille est ensuite rapidement arrêtée. Ironie du sort, au mois d’avril la FFE publie une revue dans laquelle apparaît Simone, intitulée Comment mener une compagnie d’éclaireuses10. L’année suivante alors qu’elle quitte le camp d’Auschwitz-Birkenau le 18 janvier 194511, Simone réapparaît dans les documents de la FFE mais cette fois sur un calendrier12.

De la deuxième guerre mondiale la famille Jacob en sort dévastée. Le père et le frère de Simone sont morts disparus après leur déportation dans les Pays Baltes. Denise qui a été arrêtée pour faits de résistance est déportée en juillet 1944 à Ravensbrück, tandis que Simone, Milou et leur mère sont emprisonnées à Auschwitz-Birkenau, Simone sous le matricule 78651. Face à l’avancée des Alliés, Milou, Simone et leur mère sont déplacées de camp en camp entre janvier et le printemps 1945. Le 23 mai, Milou et Simone rentrent enfin en France et retrouvent leur sœur Denise, leur mère est décédée du typhus à Bergen-Belsen un mois avant la libération du camp par les troupes britanniques le 17 avril 1945.

Le retour à une vie normale est difficile pour Simone et ses sœurs comme pour les ancien·ne·s déporté·e·s en Europe. Accueillie par son oncle et sa tante à Paris Simone se décide à étudier pour exercer une profession. Le souvenir de sa mère qui regrettait de n’avoir pas terminé ses études et de dépendre financièrement de son mari l’encourage dans cette voie13. Décidée à devenir avocate elle s’inscrit à la faculté de droit, mais curieuse de découvrir le tout nouveau Institut d’Études Politiques elle est aussi une des rares filles admise dans une conférence regroupant des étudiants « qui avaient connu des problèmes pendant la guerre »14. Simone poursuit ensuite les cours et les conférences à Sciences-Po. C’est au cours de ses études qu’elle rencontre son futur mari Antoine Veil, elle l’épouse à l’automne 1946. Grâce aux réseaux de l’institution et au coup de pouce d’un professeur et voisin du jeune couple, Antoine devient attaché parlementaire, puis obtient un poste dans un consulat en Allemagne ce qui amène Simone et sa famille à déménager à Wiesbaden en 1950. Simone participe pleinement au travail de son mari en lui préparant des notes, des résumés de dossiers et en lui faisant la lecture15. Elle s’occupe également de deux enfants en bas âge et des tâches ménagères, elle consacre finalement peu de temps à passer des examens de droit tandis qu’Antoine prépare le concours de l’ENA. À l’été 1951 c’est le drame, sa sœur Milou décède dans un accident de voiture au retour d’une visite à sa sœur en Allemagne.

En 1953, suivant son mari qui a été reçu à l’ENA, Simone retourne en France et continue sa vie de famille en province. Un troisième fils voit le jour dans la famille Veil. Simone décide alors de s’inscrire au barreau pour devenir avocate, ce à quoi Antoine s’oppose dans un premier temps16. Depuis 1946 les femmes sont autorisées à s’inscrire au concours de la magistrature, face à la détermination de Simone mais malgré l’opposition de son mari, un compromis se met en place : « j’abandonnais ma vocation d’avocat au profit d’une carrière de magistrat, sans doute moins prenante, et lui acceptait que je ne reste pas à la maison pour élever les enfants et préparer le dîner »17. En mai 1954, malgré une nouvelle argumentation dissuasive de la part du secrétaire général du parquet de Paris, Simone s’inscrit au parquet général comme attachée stagiaire. « J’avais vingt-sept ans, des diplômes, un mari, trois enfants, un travail. J’étais enfin entrée dans la vie »18.

Dès son entrée dans le milieu de la justice, Simone s’intéresse à des sujets sensibles comme la question des prisons et des conditions de détentions des prisonnier·ère·s. Son expérience d’enfermement à Auschwitz l’amène à se soucier en particulier du sort des femmes détenues, mais elle rencontre aussi une certaine opposition dans l’opinion publique et les institutions. Simone est aussi en charge de dossiers judiciaires concernant les violences sexuelles (pédophilie, viols, inceste…), puis d’un autre sujet brûlant : la question des conditions de détention des prisonnier·e·s algérien·ne·s. Quelques mois à peine après son arrivée au ministère de la justice Simone est envoyée en Algérie pour informer le ministre sur ce qu’il se passe alors dans les établissements pénitenciers, elle se souvient avoir été très mal reçu dans un contexte de tortures et d’exactions militaires à peine voilées19. Cette fois encore, Simone s’inquiète plus particulièrement de la situation des femmes prisonnières. Mais Simone raconte que c’est la pression familiale, surtout exercée par son mari20, qui va l’encourager à mettre fin à son travail sur la question des prisons. Elle reçoit des propositions pour rejoindre des commissions d’études parlementaires sur les questions d’adoption, une autre sur le statut des malades mentaux, finalement elle est nommée à la Direction des affaires civiles.

Arrivent alors les événements du printemps 1968, que Simone observe avec beaucoup de bienveillance. Dans sa biographie elle déclare partager alors les aspirations de la jeunesse à une société transformée, c’est à cette occasion qu’elle rejoint le syndicat de la magistrature. Mais c’est aussi un moment de grande déception, face à une transformation de la société qui ne vient pas ou peut être plutôt face à un mouvement dans lequel elle ne se reconnaît pas. Après le départ du général De Gaulle, Simone se retrouve nommée au cabinet du ministre de la Justice de Georges Pompidou, puis elle accepte un poste de secrétaire du Conseil supérieur de la magistrature. Claude Pompidou la recrute également au secrétariat de sa fondation pour handicapés et personnes âgées. Enfin, le président la nomme à un poste d’administratrice de l’ORTF en charge de représenter l’État, c’est la première femme à siéger dans ce conseil d’administration ainsi qu’à la Fondation de France où elle est nommée au même moment.

La carrière de Simone Veil prend un nouveau tournant lorsque le premier ministre Jacques Chirac, à la demande du président Valéry Giscard d’Estaing, se met à la recherche de femmes nouvelles en politique pour rejoindre le gouvernement. C’est ainsi que Simone fait son entrée en politique, en tant que ministre de la Santé. Son prédécesseur Michel Poniatowski, qui prend alors en charge le ministère de l’Intérieur informe Simone de l’importance de la question des avortements clandestins21. La nouvelle ministre de la Santé s’attelle alors rapidement à ce sujet de société majeur. Le travail de Simone Veil s’inscrit à la suite du rejet d’un texte de Jean Taittinger, garde des Sceaux sous Pompidou, à la portée limitée puisqu’il prévoyait seulement d’autoriser l’avortement en cas de mise en danger de la mère. Sensibilisée à cette question lors de son exercice de la Justice, Simone décide de préparer un texte de loi plus ambitieux comprenant grâce à Poniatowski que le ministère de la Santé serait plus à même de réussir là où celui de la Justice était en échec. Si Simone a alors également le soutien du président, elle doit affronter une Assemblée nationale plutôt opposée à toute législation sur la question, ainsi qu’un premier ministre assez frileux : « Les femmes se sont toujours débrouillées. Elles continueront à se débrouiller »22. Mais finalement Jacques Chirac finit par se ranger derrière Giscard d’Estaing et soutenir sa ministre de la Santé. Dans la nuit du 29 novembre 1974 la loi autorisant l’avortement est votée à l’Assemblée nationale par 284 voix contre 189. Promulguée en janvier 1975 pour une durée expérimentale de cinq ans, elle est prolongée sans limite de temps en décembre 1979.

En 1979 la carrière politique de Simone Veil prend un nouveau tournant, européen cette fois. Elle est tête de liste pour le parti de Giscard d’Estaing, l’UDF, et sa liste arrive en première place des élections européennes du mois de juin. Valéry Giscard d’Estaing voit alors en Simone Veil un symbole politique fort, celui de la réunification franco-allemande ce qui l’amène à candidater au poste de présidente du parlement européen. C’est ainsi que Simone devient la première présidente du nouveau parlement européen à la mi-juillet de l’année 1979. En 1984, Simone Veil est réélu en tant que députée européenne et tête de liste pour l’UDF.

En mars 1993 Simone Veil revient aux affaires politiques dans un contexte de cohabitation sous Mitterrand. Elle est nommée dans le gouvernement d’Édouard Balladur ministre de la Santé, des affaires sociales et de la ville. Puis Simone décide de quitter la politique au moment où le président du Sénat lui propose d’entrer au Conseil Constitutionnel. Elle y exerce de 1998 à 2007. De 2001 à 2007 elle est également présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. En 2010 Simone Veil entre aussi à l’Académie française, sur son épée d’académicienne figure son numéro de déportation ainsi que les devises française et européenne.

En 2013 le mari et la sœur de Simone Veil décèdent, elle décide alors de se retirer de la vie publique. Quelques années plus tard sa santé se dégrade, elle meurt à son domicile parisien le 30 juin 2017 quelques jours avant son 90e anniversaire. Un hommage national lui est rendu le 5 juillet 2017 aux Invalides, puis Simone est inhumée dans un premier temps au cimetière du Montparnasse aux côtés de son mari. Enfin, en juin 2018 les cercueils des époux Veils sont exhumés puis exposés au mémorial de la Shoah avant de rejoindre le Panthéon le 1er juillet. Simone Veil est la cinquième femme panthéonisée de l’histoire de France.


1 Simone Veil, Une Vie, Paris, Stock, 2007

2 Pour plus de simplicité nous utiliserons le sigle FFE

3 Ibid., p.26

4 Michel Sarazin, Une femme Simone Veil, Paris, Robert Laffont, 1987, p.38

5 Simone Veil, Une Vie, Paris, Stock, 2007, p.26

6 Ibid., p.35

7 D’autres biographies avancent le totem de « Lièvre agité » voir de « Balkis » en référence à la reine de Saba, donné par Milou vers 1941-1942. C’est ce qu’avance Michel Sarazin dont son ouvrage Une femme Simone Veil, précédemment cité à la page 23. Pourtant les archivistes du Réseau Baden Powell et la présidente des anciennes de la FFE, Denise Zwilling ont une autre interprétation plus plausible : les archives de la FFE ont conservé le totem « Lièvre astucieux », aucune trace de Balkis ou d’un lièvre agité. L’adjectif doit normalement correspondre à une qualité de la personne qui reçoit son totem, « astucieux » semble en effet plus plausible.

8 Ibid., p.44

9 Ibid., p.47

10 FFE, Comment mener une compagnie d’éclaireuses – section neutre, avril 1944. Avec l’aimable autorisation du Réseau Baden Powell.

11 Simone Veil, Une Vie, Paris, Stock, 2007, p.59

12 FFE, Calendrier de l’année 1945, page du mois d’août. Avec l’aimable autorisation du Réseau Baden Powell, source : Anthony Cauche.

13 Simone Veil, Une Vie, Paris, Stock, 2007, p.114

14 Ibid., p.115

15 Ibid., p.127

16 Ibid., p.130

17 Ibid., p.131

18 Ibid., p.132

19 Ibid, p.147

20 Ibid., p.151 : « Écoute, tes prisons, ça commence à bien faire. Il n’est question que de cela à la maison. J’en ai assez des prisons ! Je ne veux plus en entendre parler ».

21 Ibid, p.180. L’autobiographie de Simone Veil vient appuyer la thèse d’une loi sur la légalisation de l’avortement destinée principalement et presque exclusivement à régler la question des avortements clandestins qui scandalise et inquiète une partie de l’opinion publique y compris à droite.

22 Jacques Chirac cité par Simone Veil, Une Vie, Paris, Stock, 2007, p.188

Madeleine Beley
1ère commissaire internationale de la FFE

Madeleine Beley, photo DT n°23

« Le courage, c’est d’oser penser » La vie de Madeleine Beley ne fait pas d’étincelles mais trace un sillon régulier. Elle n’a que 24 ans quand elle devient membre de la Main, le groupe des cinq fondatrices de la Fédération française des éclaireuses ! Protestante et membre de la section unioniste, elle défend auprès du scoutisme international et obtient pour les éclaireuses neutres la possibilité de prononcer leur promesse sans référence à un dieu, mais au nom d’un idéal. Son engagement est tous azimuts : commissaire internationale, engagée pour l’accueil des réfugiés de la guerre d’Espagne en 1936 ou pour l’extension du scoutisme aux filles malades ou en situation de handicap, c’est aussi elle qui crée la Nef, un foyer d’accueil des éclaireuses étrangères à Paris. Pour en savoir plus, jetez un œil à sa fiche Wikipedia nouvellement créée!

La petite anecdote rigolote : quand elle est nommée commissaire internationale de la FFE, elle ne parle pas anglais! Voici comment elle parle de la décision prise par ses collègues de l’envoyer représenter la FFE au congrès fondateur de l’Association Mondiale des Guides et des Éclaireuses: « Confiance téméraire, à coup sûr! Car je savais mal l’anglais, je n’avais aucune aptitude mondaine et aucun sens de la diplomatie! Dame Furse [la 1ère directrice de l’AMGE] ne s’est probablement jamais doutée que durant les 4 ou 5 premières années, je n’ai pas compris un mot de ce qu’elle me disait. Peu à peu, mon oreille s’est faite à son langage. Nous nous disputions solidement à chaque nouvelle rencontre, mais entre temps, il arrivait que nous écrivions des lettres charmantes car nous nous aimions bien, et c’était l’essentiel« .

Future membre du Bureau mondiale de l’AMGE, elle est réputée pour ses bourdes et sa maladresse, comme celle-ci (que je trouve assez peu maladroite au contraire!) : « A Budapest je rencontrais Olga Malkowska, la femme du fondateur des Éclaireurs polonais, dont le génie un peu fou me séduisit. Nous faillîmes l’une et l’autre perdre notre bonne réputation et celle de notre mouvement, en couchant une nuit à la belle étoile. On s’aperçut le lendemain que deux campeuses avaient passé la nuit dans le pré voisin et la directrice de l’AMGE décréta solennellement que cette conduite n’était pas digne des membres du Comité Mondial« .

Les témoignages sont extrait du Debrouillum Tibi, le journal des anciennes de la FFE (1986, N°23).

Maud

Élisabeth Fuchs
Pionnière du scoutisme féminin laïque

(Photo issue des archives de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français-SHPF)

Élisabeth Fuchs a lancé la première section d’éclaireuse en France avant même la création de la FFE.

Elle a fondé un foyer de jeunes filles au 22 rue de Naples à Paris en 1912. L’objectif étant de mettre à disposition des dortoirs, repas et différents cours pour des jeunes femmes souhaitant travailler ou étudier à Paris et venant de Province. Ce foyer fait partie de l’Union chrétienne des jeunes filles, d’origine protestante.

Alors que le scoutisme n’est que peu développé en France et réservé aux Garçons, Élisabeth Fuchs crée une section de Girl Guides au sein de son foyer. Elle la souhaite ouverte à tous, peu importe leurs confessions. Par la suite, d’autres sections se créent notamment à la Maison Verte.

Malgré la création de la FFE en 1921, la section de Paris-Naples n’intègre que très tardivement la fédération.

Il ne semble pas exister d’explications claires à cette volonté de garder indépendante cette section, à part peut-être des divergences d’opinions et de caractères entre les fondatrices de la FFE et Élisabeth Fuchs.

Élisabeth Fuchs semble avoir consacré sa vie à ce foyer et à cette section d’éclaireuses. On lui connaît, par ailleurs, des activités de conférencières en France et États-Unis.

N’hésitez pas à consulter sa fiche wiki pour plus d’informations !

Diane (Dja)

Alice Daul-Gillig
Résistante et militante associative

Il semble temps de vous raconter un peu mes premières péripéties sur Wikipédia.

La première femme sur laquelle j’ai choisi de travailler dans le cadre du projet des Astrales est Alice Gillig, née Daul, ancienne cheftaine des guides et résistante française.

J’ai mis plusieurs mois avant de seulement commencer mon brouillon Wikipédia sur cette femme, je n’avais jamais écrit de biographie avant et j’ai donc passé un certain temps à récolter toutes les informations que j’avais sur elle.

Le jour où je me décide enfin à publier, je m’aperçois assez étonnée qu’il existe déjà une fiche sur elle… qui a été crée la veille !

Je dois avouer que de savoir que plusieurs mois de travail (certes pas à pleins temps) n’auront servi à peu de choses ont été difficile à avaler. Il s’avère, en fait, que nous étions trois personnes (en réalité deux + un groupe de travail en Alsace.) à travailler au même moment sur sa biographie.

Mais qu’importe après tout, sa fiche existe et son histoire sera maintenant accessible au plus grand nombre.

Je vous laisse consulter sa fiche ici.