Marguerite Walther
Pionnière du scoutisme non confessionnel et figure incontournable de la FFE

Sans les Astrales… je n’aurais jamais appris à connaître le parcours de Marguerite Walther. Et quelle tristesse ce serait! S’il devait y avoir une “fondatrice” aux Eclaireuses Eclaireurs de France, ce serait elle.

Après pas mal de travail et beaucoup trop de temps “inutile” passé à lire ses lettres, ce que d’autres disaient d’elle… elle a désormais sa page Wikipedia! C’est aussi la première création d’article ex-nihilo du projet :)

Sans redire son parcours, ce qui m’a le plus marqué chez elle : une forme d’idéal très fort qui l’anime, un engagement au bénéfice de “toutes les petites françaises”, et singulièrement auprès des plus pauvres, comme celles de la rue Mouffetard. C’est cet idéal qui la fera défendre et animer “l’esprit FFE”, qui voit dans la collaboration de femmes de toutes spirirualités une richesse.

Le 25 juillet 1921, elle défend le principe de l’extension du mouvement des éclaireuses unionistes à une fédération plus large, qui permette à toutes de “se sentir à l’aise”. A 2h du matin, elle écrit à Renée Sainte-Claire Deville, dont elle sera très proche toute sa vie :

Tout le monde sent la gravité de l’heure. Je me tais, parce que je suis émue, parce que je respecte ces luttes intimes. J’aurais peur de dire quelque chose qui pourrait toucher si peu que ce soit à des convictions si sincèrement vécues. Et puis j’admire; c’est merveilleux de rencontrer des êtres si parfaitement chics. J’éprouve intensément le sentiment de la similitude : toutes les âmes sont semblables dans leur profondeur

Le lendemain matin …

Le rêve s’est réalisé, le principe de la fédération est voté! Par quel miracle l’Assemblée, hier si houleuse, si partagée, s’est-elle retrouvée aujourd’hui avec une opinion si unanime? Mystère des choses qui doivent être et devant lesquelles les barrières tombent d’elles-mêmes.

Elle est aussi à l’origine d’une “loi du chef”, ayant considéré que si les éclaireuses en avaient une à suivre, il en allait de même pour les adultes :

Renée Sainte-Claire Deville en parlait ainsi en 1943:

Ses amitiés furent, dans sa vie, autant de sources jaillissantes qui venaient, disait-elle, l’empêcher de se durcir et de se déssécher et renouveler son ardeur au travail

Maud

Hellyette Bess
Anarchiste et ancienne membre d’Action Directe

(merci à Livia Garrigue, journaliste à Mediapart, d’avoir accepté de mettre cette photo sous licence CC-BY-SA !)

Après ses années d’éclaireuse, où elle a découvert le sens de l’amitié et du collectif, la vie d’Hellyette Bess est marquée par un engagement anarchiste au long cours. Si sa participation au groupe terroriste Action Directe et le choix de la lutte armée en est évidemment l’étape marquante, cet engagement a pris de nombreuses formes, et donne aussi à voir la multiplicité des dimensions de l’anarchisme. Des auberges de jeunesse indépendantes, à la diffusion d’ouvrages théoriques, en passant par la production de textes, les mobilisations sociales, la pratique d’avortements, la lutte contre la prison et les conditions de détention…

Assez rapidement, au début du projet des Astrales, nous sommes tombé⸱es sur le parcours d’Hellyette Bess. On s’est donc posé rapidement la question : c’est quoi une femme remarquable ? et globalement, on a décidé qu’on ne souhaitait pas faire un panégyrique du scoutisme féminin, ni tomber dans l’écueil de ne donner à voir que des parcours d’héroïnes parfaites, dont on gommerait soigneusement les éléments sujets à controverse, mais plutôt retracer le parcours de femmes dont l’engagement ou la contribution à la société est marquant. Hellyette Bess est ainsi une ancienne éclaireuse, et une femme remarquable. Voici désormais sa page sur Wikipedia.

Quels liens fait-elle entre son passé d’éclaireuse (isréalite, puis neutre, puis cheftaine louveteaux EDF) et ses engagements ? Vous pouvez lire ici le compte-rendu de l’entretien que j’ai réalisé avec elle en aout 2019. C’était un moment un peu surréaliste pour moi, et qui a été déclic dans l’envie de me lancer à fond dans le projet des Astrales!

Je vous invite aussi à lire ce texte, Fleury brûle-t-elle, où elle évoque la prison pour femmes. J’en extrais ces phrases:

Dedans ou dehors, si la résistance à l’exploitation unit les êtres, refuser le sexisme et la place prévue par d’autres pour elles dans la société trace une sorte de trait d’union entre les femmes. Mais celles qui sont ou qui ont été en prison excitent la curiosité, les fantasmes. Elles sont un peu sorcières et se sentent sœurs.

Maud

Nicole Clarence
Résistante et photographe

Nicole Clarence en 1939 (Elles, la résistance – ML Coudert)

Venez découvrir Nicole Clarence, résistante durant la seconde guerre mondiale puis photographe ! Elle a maintenant sa page wikipédia qui a été mis en ligne il y a quelques semaines par nos bons soins !

Nicole Clarence découvre par l’intermédiaire de son frère les éclaireurs où elle devient cheftaine de louveteaux. C’est par ce biais là qu’elle fait ses premieres actions de résistances, principalement quelques surveillances de batiments côtiers au début.

Par la suite, elle rejoindra le mouvement Francs tireurs, ainsi que le réseau Buckmaster avant de finalement intégrer le M.U.R (Mouvements Unis de résistance).

C’est à Paris qu’elle est arrêtée et déportée pour fait de résistances. Elle s’évade en 1945 avec d’autres déportées au cours d’une marche de la mort.

Plus tard elle sera journaliste pour plusieurs journaux, comme Madame le figaro, Elle et travaillera aussi à l’agence Magnum.

Dja

Reysa Bernson
Astronome passionnée de transmission aux jeunes

Reysa Bernson est une femme fascinante. Née en 1904, elle fait de brillantes études, s’engage dans les organisations étudiantes (elle sera vice-présidente de la toute jeune UNEF), et surtout se passionne d’astronomie. A 16 ans, elle est admise à la Société Française d’Astronomie, et va, à partir de là, développer une activité intense de vulgarisation et de sensibilisation des jeunes. Elle se déplace bénévolement dans des classes, des sanatoriums, des foyers de jeunes aveugles, … et rencontre le scoutisme. Elle y développe un brevet d’astronomie, forme les chefs et les cheftaines, conçoit une lunette d’observation fabricable en camp scout, monte un groupe d’éclaireurs dédié! En 1937, reconnue pour son engagement pour la diffusion de l’astronomie auprès du grand public, elle est nommée responsable du premier planetarium de France, qui accueille 800 000 personnes à l’occasion de l’Exposition Universelle à Paris. Elle est déportée et assassinée comme juive pendant la guerre.

Au fil de la découverte de son parcours, on se prend à se demander : mais où trouvait-elle cette énergie ? d’où lui venait cette passion pour la jeunesse, et cette justesse dans la manière de parler aux jeunes ? Malgré cette grande contribution, femme dans un milieu très masculin, elle fut oubliée pendant plus de 50 ans. Son action fut exhumée récemment par Jean-Michel Faidit, et les travaux menés par l’Université de Lille dans le cadre du projet Université avec un grand elles.

Vous pouvez découvrir tout son parcours sur sa fiche Wikipedia remaniée et enrichie.

En complément de ce travail grand public, je me suis lancée à la recherche de l’article paru dans L’Éclaireur (la revue des Éclaireurs de France de l’époque) où elle donne les informations pour construire une lunette d’astronomie en camp scout : et si on pouvait le réutiliser aujourd’hui sur nos camps?

En fouillant dans les archives, j’ai effectivement découvert cet article (à télécharger ici). Mais surprise, je trouve aussi plusieurs articles sur l’astronomie dans les autres numéros de la revue. Ils sont signés Astéroïde 1021… me voilà totalement fascinée, car après recherche, l’astéroïde 1021 porte le nom Flammario. Or, Reysa Bernson était une grand admiratrice de l’astronome Camille Flammarion, qui l’avait parrainée pour entrer à la Société Française d’Astronomie. Me voilà quasiment certaine que c’est elle l’autrice de ces articles! Plus je fouille, plus je trouve : il se trouve qu’Astéroide 1021 a écrit de nombreux articles, très détaillés, pour l’Éclaireur entre 1933 et 1940, qui sont parmi les pièces centrales de la revue sur la période. Puis, plus de traces, ce qui correspondrait au fait que Reysa Bernson déménage et semble se cacher durant la guerre, sachant qu’elle est d’origine juive. Ma journée dans les archives du siège des EEDF est intense : je cherche frénétiquement de quoi établir un lien certain entre Astéroïde 1021 et Reysa Bernson. Et puis bingo! Dans un numéro du Chef (la revue des chefs EDF), je trouve un article signé Astéroide 1021 mais … annoncé comme écrit par R. Bernson dans le sommaire!

Reysa Bernson fut donc, en complément de toutes ses autres réalisations, une des plumes principales de la revue des Éclaireurs de France dans les années 1930! Pour les curieux-ses, ses articles sont téléchargeables ici, et ici ses publications sur l’astronomie et la jeunesse dans la revue l’Astronomie.

Maud

Simone Iff
Féministe française et présidente du Mouvement français pour le planning familial

Ça y est, on a revu et amélioré la page wikipédia de Simone Iff, ancienne présidente du Planning Famillial, et militante féministe toute sa vie.

Grâce à des recherches de Maud, on a pû retrouver sa trace dans les archives de la FFE, dans « l’annuaire de la région Sud – 1939-1940 » et on y voit ceci :

Simone Iff (ici sous son nom de naissance Simone Balfet) était bien aspirante cheftaine des Petites Ailes Unionistes (la tranche d’âge des 7-12 ans), à Sète.

Florence

Suzanne Carr
Militante des UCJF

Une nouvelle Fiche en ligne : celle de Suzanne Carr.

Une militante protestante française qui a contribué à l’emergence du scoutisme féminin en France !

Engagée dans de nombreuses associations unionistes au début de 20ème siècle, Suzanne Carr est très engagée sur les questions d’hygiène sociale. Elle tient notamment une revue d’éducation familiale et anime des “causeries”  à la radio. Elle milite aussi pour le suffrage des femmes. C’est elle qui, dès 1912, tente d’introduire le scoutisme féminin au sein des UCJF.

N’hésitez pas à aller découvrir sa fiche wikipédia !

Valentine Schlegel
Artiste, sculptrice et céramiste

Valentine Schlegel (photo Suzanne Fournier-Schlegel)

Avec quelques semaines/ mois de retard je vous informe que la fiche wikipédia de Valentine Schlegel est en ligne ! (La question des droits d’images n’étant pas finalisé je vous laisse taper son nom sur internet et vous trouverez plusieurs photos d’elle !)

Mais qui est Valentine Schlegel ?

Pour moi : un vrai coup de cœur !

Tout d’abord parce que c’est la première femme artiste sur laquelle je travaille et ensuite parce qu’elle a eu une vie passionnante !

Valentine Schlegel naît en 1925 à Sète, elle y découvre les éclaireuses en 1937 dans une section nommée Wakandas. Elle deviendra cheftaine dans sa section en 1942.

Plus tard elle sera, costumière au festival d’avignon, conseillère artistique du premier long métrage d’Agnès Varda (elle aussi ancienne éclaireuse) mais aussi artiste, sculptrice, enseignante en arts, céramiste et pleins d’autres choses encore.

Elle est notamment connue dans le milieu artistique pour sa série de vases crée pendant la décennie des années 1950 et pour la création de cheminées en plâtre qu’elle sculpte sur commande chez des particuliers.

Je vous laisse découvrir sa fiche wikipédia ici.

Un grand merci par aileurs à Hélène Bertin, artiste elle aussi qui a fait sortir de l’ombre Valentine Schlegel en lui consacrant plusieurs expositions et sans qui je n’aurais jamais découvert cette femme !

Diane (Dja)

Hélène Viannay
Résistante et cofondatrice de l’école de voile des Glénans

Ca y est, la fiche Wikipedia de Hélène Viannay est enrichie, restructurée, augmentée de plus de 10 000 mots! Il manque encore sa photo, qui est en attente de validation par Wikipedia, mais que je peux déjà mettre ici (en remerciant la photothèque des Glénans).

Hélène Viannay (née Mordkovitch) est la cofondatrice du journal clandestin Défense de la France, qui fut le plus gros tirage de la 2nde guerre mondiale, mais aussi un réseau de résistance du même nom qui a été le principal producteur de faux-papiers en France. Après la guerre, avec son mari, ils ont voulu organiser un camp de vacances pour des ancien·nes résistant·es et déporté·es, sur les îles de l’archipel de Glénan en Bretagne Sud. Et les voilà obligé·esd’apprendre à naviguer … de fil en aiguille, ils ont ainsi crée l’association Les Glénans, qui est désormais la première école de voile en Europe. Hélène en a été déléguée générale pendant plus de 20 ans.

Depuis que j’ai découvert les Glénans, je me disais … il y a forcément un lien avec le scoutisme, ce n’est pas possible autrement! Le rôle du bénévolat et de l’engagement volontaire, la participation de tout le monde à la vie quotidienne, la prise de responsabilités, et puis le campement sur les îles! Et … bingo, Hélène Viannay a bien été “éclaireuse laïque” sur Paris, et son mari Philippe a lui été scout.

Elle a passé peu de temps à la FFE, une année ou deux vers ses 13 ans. C’est un choix qu’elle a fait seule, elle connaissait l’état des finances de sa mère et a décidé de s’inscrire au camp sans lui en parler après avoir entendu des amies en parler. Voilà ce qu’elle disait de ces souvenirs :

“Pendant que j’étais en quatrième je me suis inscrite aux Eclaireuses ce qui m’a permis d’avoir de nouvelles amies, de faire de grandes sorties très fatigantes le Dimanche, d’apprendre à camper, à faire la cuisine pour quinze sur un feu de bois (et que de larmes j’ai versées devant les petits pois qui ne voulaient pas cuire). Notre cheftaine, artiste et très jeune, nous faisait énormément marcher sac au dos, dans des endroits merveilleux. En Bretagne nous avons ainsi pris le bateau de service pour Ouessant, dormi sur des tables dans un pensionnat vide, et admiré la nuit le ballet des phares.”  (source).

Dans le livre que Clarisse Feletin lui a consacré, elle ne fait pas de lien particulier entre le fait d’avoir été éclaireuse et ses engagements par la suite. Elle explique y cependant que l’apprentissage de la vie de camp lui a servi au moment de l’exode (en juin 1940, elle quitte Paris pour rejoindre Rodez en bicyclette, en campant seule) et lors des premiers camps sur l’archipel de Glénan (notamment sur l’importance de creuser des feuillés!). Et surtout, c’est en partie dans son réseau d’amies éclaireuses qu’elle recrute les premiers membres du journal clandestin, notamment Marianne Cornevin.

“J’avais été éclaireuse laïque, c’était sympathique mais dans l’immédiat ça ne m’a servi à rien parce j’avais quitté ce mouvement à 15 ans, c’était trop loin. Il se trouve que la première personne que j’ai recrutée après, quand j’ai commencé à faire de la résistance, c’était une de mes anciennes éclaireuses.” (source)

Maud